Le lundi 29 juillet 2024, un pas significatif a été franchi dans la reconnaissance des sacrifices des tirailleurs africains lors de la Seconde Guerre mondiale. Six soldats africains, dont quatre Sénégalais, un Ivoirien et un soldat de la Haute-Volta (aujourd'hui Burkina Faso), ont officiellement été reconnus comme « morts pour la France ». Tous avaient été exécutés sur ordre d'officiers français au camp de Thiaroye, au Sénégal, en 1944.
Une reconnaissance historique
Cette décision marque une avancée cruciale pour les descendants des victimes du massacre de Thiaroye, un événement tragique qui s’est déroulé le 1er décembre 1944. Les tirailleurs africains, qui avaient combattu pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, ont été tués après avoir réclamé des indemnités et des améliorations de leurs conditions de vie. Ce massacre a longtemps été ignoré et minimisé, mais cette reconnaissance officielle est un geste fort vers la justice pour ces soldats.
Un travail de mémoire inachevé
La reconnaissance de ces tirailleurs comme « morts pour la France » est le fruit d'un long processus de recherche et de réévaluation des archives. En 2014, le président François Hollande avait remis une partie des archives sur le massacre de Thiaroye, mais le chemin vers une reconnaissance complète a été semé d’embûches. Le travail des chercheurs et des historiens a été crucial pour éclairer cette sombre page de l’histoire et faire avancer la reconnaissance des victimes.
Malgré cette avancée, des efforts doivent encore être déployés pour compléter le travail de mémoire. La reconnaissance officielle est une étape importante, mais elle ne saurait être la fin de la quête de vérité et de justice. Il reste crucial de permettre l'accès aux fosses communes où les corps des tirailleurs auraient été enterrés. Les fouilles de ces fosses pourraient offrir des réponses plus précises sur le nombre exact de victimes et permettre un hommage plus complet.
Un contexte historique
Cette reconnaissance intervient alors que nous célébrons le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye et le 80e anniversaire du débarquement de Provence, événement majeur de la Seconde Guerre mondiale. En août 1944, environ 235 000 combattants français, dont 90% étaient issus des troupes coloniales, ont débarqué dans le sud de la France. Parmi eux, de nombreux soldats venus d'Afrique, des Antilles, du Pacifique et du Maghreb ont joué un rôle déterminant dans la libération de la France.
Cette double commémoration nous rappelle l'héroïsme des troupes coloniales qui ont contribué de manière décisive à la victoire alliée, tout en mettant en lumière les injustices qui ont suivi leur retour. Les tirailleurs africains, qui ont été en première ligne contre l'occupation, ont ensuite payé le prix fort pour leur désir légitime de reconnaissance et de meilleures conditions.
Vers une éventuelle réconciliation
La mention « morts pour la France » pour ces tirailleurs représente non seulement une reconnaissance de leur sacrifice, mais aussi un geste important vers la réconciliation entre la France et les nations africaines concernées. C’est une reconnaissance des sacrifices faits par les soldats colonisés qui ont servi avec bravoure et ont souvent été oubliés ou maltraités à leur retour.
Il est maintenant impératif que le travail de mémoire se poursuive, afin que l'histoire de ces héros ne soit pas seulement connue, mais pleinement honorée. La France et le Sénégal, ainsi que les autres pays concernés, doivent continuer à collaborer pour explorer cette histoire douloureuse et garantir que les erreurs du passé ne se répètent plus. La reconnaissance des tirailleurs africains est un premier pas vers une réconciliation durable et un hommage sincère à ceux qui ont donné leur vie pour la liberté.