La récente annonce d'un partenariat entre la Banque Mauritanienne de l'Investissement (BMI) et la Société financière internationale (IFC) suscite des interrogations et des critiques. Alors que la BMI et en particulier son président sont cités dans le procès en cours de l'ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz devant la cour criminelle des crimes économiques, la décision d'IFC de financer cette banque soulève des questions sur l'éthique et la transparence de l'organisation.
Le soutien financier d'IFC à la BMI, d'un montant maximum de 30 millions de dollars, viserait à accroître les prêts aux petites entreprises, en particulier celles détenues par des femmes, et à soutenir les opérations de financement du commerce de la BMI. A la lumière de la réputation de la BMI en Mauritanie, cette association soulève des doutes, remettant en question la légitimité de l'accord avec IFC.
IFC affirme que 25 % du financement est spécifiquement destiné aux entreprises détenues par des femmes en Mauritanie, soutenant ainsi l'égalité des genres et l'entrepreneuriat féminin. Bien que cela puisse sembler louable, il est important d'examiner attentivement la situation dans son ensemble. En accordant un financement à une banque dont l’actionnariat soulève encore plein d’interrogation, IFC risque d'être complice d'un système qui exploite l'image de l'entrepreneuriat féminin pour masquer des pratiques peu avouables.
L'un des arguments avancés en faveur de ce partenariat est l'accès limité des micros, petites et moyennes entreprises (MPME) mauritaniennes au financement et au financement du commerce. Cependant, il est essentiel de s'interroger sur les raisons de cette limitation. Le financement d'IFC risque au contraire de renforcer un système qui entrave le développement du secteur privé et favorise l'impunité.
En finançant une banque qui fait l'objet de controverses, IFC compromet sa propre crédibilité et son mandat de promouvoir le développement économique durable. L'organisation a pour mission de lutter contre la pauvreté et de promouvoir une prospérité partagée, mais en s'associant à une entité dont le financement n’est pas transparent, IFC risque d'être perçue comme soutenant des pratiques douteuses.
De plus, le manque de transparence entourant cette convention est préoccupant. Il est essentiel que les institutions financières internationales comme IFC agissent avec diligence lorsqu'elles choisissent leurs partenaires et veillent à ce que ces partenariats respectent les normes éthiques les plus élevées. Dans le cas présent, l'IFC semble avoir négligé cette responsabilité en s'associant à une banque qui a été citée plusieurs fois et dont le président pourrait être appelé à la barre comme l’ont demandé certains avocats dans le retentissant procès pour crimes économiques qui se déroule actuellement à Nouakchott.
En effet, le patron de cette banque, est le plus important bénéficiaire dans l’accusation de spoliation des biens fonciers de l’Etat (Ecole marché, Escadron Gendarmerie, Ecole Justice, Ecole Tevragh Zeina, Cité Police, etc) à laquelle fait face l’ancien président Ould Abdel Aziz. Et bien que, de création récente, la BMI avait connu du temps de Ould Abdel Aziz une croissance et un tel afflux de fonds publics que beaucoup y ont vu la main de celui-ci.
Il est également important de souligner que le financement de la BMI par l'IFC est soutenu par le Mécanisme de financement mixte du Guichet de promotion du secteur privé de l'Association internationale de développement (IDA). Cette collaboration soulève des questions quant à la crédibilité et à la rigueur de l'IDA dans la sélection de ses partenaires de financement. Il est crucial que les fonds destinés au développement économique soient utilisés de manière transparente et éthique, et qu'ils ne servent pas à soutenir des entités impliquées dans des affaires douteuses.
Enfin, il convient de souligner que l'IFC a considérablement accru ses investissements en Mauritanie ces dernières années. Cependant, il est essentiel que ces investissements soient effectués de manière responsable, en tenant compte des aspects éthiques de la crédibilité des partenaires, la réputation de l'IFC sont en jeu, et il est impératif que l'organisation revoie ses procédures pour éviter d'être associée à des entités controversées.
C’est dire que, la décision d'IFC de financer la Banque Mauritanienne de l'Investissement (BMI) soulève des préoccupations légitimes quant à l'éthique et à la transparence de cette convention. Alors que son président est cité ne serait-ce que comme témoin, dans des affaires judiciaires en cours, il est crucial que les institutions financières internationales fassent preuve de prudence dans leurs choix de partenaires et veillent à respecter les normes les plus élevées en matière d'intégrité. Il est impératif que l'IFC réévalue cette convention pour ne pas compromettre sa mission de promouvoir le développement économique durable.