CNDH - Lundi 13 Février 2023 – Depuis vendredi dernier, nous avons diligenté une enquête indépendante, avec le soutien technique du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, pour établir les faits sur les événements entourant le décès de la victime. Nous remercions les autorités pour leur coopération.
Boumeny Ould Jibril Ould Chein dit « Soufi », membre respecté de la communauté des droits humains, a été convoqué le jeudi 9 février au commissariat de Dar Naïm 2, à Nouakchott, à la suite d’une plainte déposée contre lui pour une créance s’élevant à 80. 000 MRU.
Après s’être rendu au commissariat le même jour, l’intéressé a été placé en détention. Peu après, en début de soirée, il a été transféré à l’hôpital Cheikh Zayed où son décès a été constaté.
Les résultats de l’autopsie indépendante conduite en présence de la famille corroborent nos observations préliminaires lors de la visite du corps du défunt. La victime a en effet succombé suite à de mauvais traitements lors de son interrogatoire.
Le rapport, qui a été rendu public, constate qu’une asphyxie traumatique par strangulation a certainement provoqué la mort. Le rapport note à cet égard des fractures au niveau du cartilage thyroïde et de l’os hyoïde au niveau du cou. Il souligne également d’autres signes de mauvais traitements comme des ecchymoses et des égratignures.
Nous réitérons que les traitements inhumains et la torture sont strictement prohibés en droit international, notamment par des conventions internationales auxquelles la Mauritanie est partie.
Il est maintenant impératif d’identifier les auteurs de ces actes et de les traduire en justice. À cet égard, nous félicitons le ministère public qui a procédé dès le samedi à l’arrestation du commissaire et des éléments de la police, présents lors de l’interrogatoire. Nous encourageons les autorités à établir les faits de manière transparente et impartiale, y compris les raisons qui ont motivé la détention de la victime et les actes de torture au cours de sa détention.
Les mauritaniens et la communauté des droits humains à laquelle appartenait la victime sont indignés par cet acte effroyable de violence qui constitue un précédent inquiétant pour la Mauritanie. Il est essentiel d’établir la vérité et de rendre justice au plus tôt afin de rassurer l’opinion publique que ces pratiques intolérables seront toujours sévèrement punies. Il faudra également prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que cela ne se reproduise plus.
Depuis deux ans, dans le cadre d’un projet financé par l’Union Européenne, nous travaillons au renforcement des capacités des forces de sécurité intérieures de la Mauritanie en matière de respect des droits humains.
Alors que ce projet connaît beaucoup de succès, ce développement tragique démontre l’importance de poursuivre cet effort afin d’éradiquer de telles pratiques qui ne sont pas acceptables dans un état de droit.
Nous réitérons nos condoléances à la famille et aux proches de la victime, ainsi qu’à la communauté des défenseurs des droits humains.