Mondafrique - L’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a comparu, le jeudi 8 décembre, devant un juge de Nouakchott pour une plainte déposée contre lui par son ex belle fille. On parle également, dans les semaines à venir, d’une autre procédure qui pourrait être provoquée par l’ex chef d’état contre sa propre épouse. Ambiance !
La famille de l’ex Président Aziz, qui s’est permis, cet automne en France, de prétendre dans le journal « Jeune Afrique » s’être enrichi pendant dix ans sans détourner un seul ouguiya, se déchire sur un héritage qui provient des détournements opérés justement par Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir.
Ce qui serait cocasse si les sommes en jeu n’étaient pas considérables. La veuve de son fils Ahmedou Ould Mohamed Ould Abdel Aziz, traduit en effet son beau-père devant la justice à propos des fonds qui lui reviendraient ainsi qu’à son petit-fils. Et lui même serait décidé à se retourner contre sa propre épouse !
L’humanitaire détourné
Feu Ahmedou Ould Abdel Aziz est décédé dans un terrible accident de la route le 23 décembre de 2015. L’accident qui lui avait coûté la vie s’était produit, près de Tintane, à environ 800 kilomètres de Nouakchott. Âgé de 24 ans, le fils du président mauritanien s’était rendu officiellement dans la région pour y distribuer de l’aide humanitaire dans le cadre de sa fondation « Rahma ».
La vérité est toute autre. Cette ONG de bienfaisance fut un des nombreux vecteurs du blanchiment pour l’ancien l’ancien Président et de sa famille. 24 milliards d’ouguiyas anciennes auraient transité sur les comptes de cette fondation, d’après le pôle d’enquête chargé du dossier de corruption de la Présidence d’Aziz. Cet argent détourné était dépensé dans l’acquisition de terrains, de biens immobiliers et de terres agricoles.
Les codes bancaires envolés
Le drame que représentait cet accident de la circulation avait provoqué une certaine panique au sein de l’entourage de l’ancien chef d’état.. C’était en effet ce fils, Ahmed, qui détenait les codes de nombreux comptes bancaires qui furent difficiles à récupérer.
Voici la situation inédite à laquelle on est parvenu en Mauritanie. Le clan d’Aziz se dispute un héritage constitué par d’innombrables terrains et autre biens immobiliers détournés par l’ancien chef de l’état.
Mais pour l’instant, la date du procès qui devrait avoir lieu pour juger la corruption endémique de la présidence Aziz n’a toujours pas été rendue publique.
Le Président mauritanien, bien qu’inculpé et retenu plusieurs mois en prison puis en résidence surveillée, a pu se rendre cet automne en France pour subir des soins médicaux et pour tenir des conférences devant ses partisans.
Ce qui est vraiment regrettable. Le grand déballage familial du clan Aziz, une actualité pathétique mais secondaire, commence à alimenter les journaux mauritaniens, alors que l’essentiel est ailleurs. Il faut juger l’ex Président mauritanien pour ses turpitudes qui abîment l’image de ce pays à l’étranger et qui laissent le peuple mauritanien désemparé.
Nicolas Beau