Au lendemain de sa prise de fonctions, le Président de la République a, solennellement, déclaré son attachement à la construction de l’Etat de droit et à la lutte contre la corruption ; il a fait part de sa ferme volonté de combattre la pauvreté et de mettre fin aux énormes et injustes disparités sociales qui minent dangereusement notre cohésion sociale.
Ne s’agit-il pas là de principes et valeurs dont nous portons, depuis plus de trente ans, l’étendard ? N’avons-nous pas, patiemment, œuvré à l’ancrage de tels principes dans le conscient collectif du peuple mauritanien, tout entier, et à leur partage par l’ensemble de la classe politique, en particulier ?
Dans une rupture manifeste avec la politique que menait son prédécesseur, le Président de la République a aussi déclaré vouloir se concerter régulièrement avec l’opposition sur les questions et défis majeurs qui interpellent notre pays.
Nous avons apprécié la justesse de cette position et ce mode de gouvernance, réitérés sur plus d’une tribune et à plus d’une occasion par le chef de l’Etat, en personne.
Aussi, mesurant à sa véritable portée, la gravité de la crise multiforme - morale, sociale et politique - que traverse la Mauritanie, conscient de la fragilité de notre tissu social et du spectre de division, voire même de démantèlement, qui pèse sur notre pays, le RFD a-t-il contribué à l’initiation et à la préparation d’un dialogue national inclusif, où seront définis, dans un esprit responsable, les voies et moyens permettant de consolider l’unité nationale et la cohésion sociale et d’ouvrir la voie à la construction d’un Etat de droit véritable.
C’est aussi le lieu de rappeler la situation déplorable qui sévit, depuis plus d’une décennie, dans notre environnement géopolitique immédiat où s’entremêlent terrorisme, contrebande et trafics de tout genre et leur corollaire, à savoir l’instabilité politique récurrente ; un environnement qui comporte, à coup sûr, des germes susceptibles de contaminer tout le voisinage s’il ne s’attèle à s’en protéger par la constitution d’un front intérieur solide.
Pour ne pas entraver ou compromettre, tant soit peu, le déroulement de ces rencontres préparatoires et dans l’espoir d’en voir les conclusions conduire au règlement des nombreux problèmes qui assaillent au quotidien notre peuple, le RFD s’est, volontairement, abstenu de mettre sur la place publique les réserves que lui inspire l’action du Gouvernement.
Mais force est de constater que certaines composantes du paysage politique se sont attelées à saper cette initiative nationale historique.
Dans ce même contexte, les appels à la violence, à travers les medias et les réseaux sociaux, ne choquent plus ; le discours politique ambiant devient de plus en plus dérisoire et souvent dangereux ; la menace qui pèse sur l’unité nationale et la cohésion sociale est, de plus en plus, perceptible ; les institutions, notamment les partis politiques, peinent à remplir leurs missions de rassemblement autour de valeurs nationales.
La continuité des pratiques de corruption, les écarts sociaux de plus en plus grands, le chômage endémique, la hausse vertigineuse des prix, l’échec du système éducatif et la faiblesse, parfois criante, des infrastructures sanitaires ont jeté de larges couches de notre peuple dans la misère et la paupérisation, terreau fertile du désordre social.
La situation de guerre qui embrase depuis plus d’une décennie le Sahel, et le Mali frère en particulier, la tension persistante à notre frontière Nord et l’éventualité, de plus en plus forte, de la survenance d’un conflit mondial nous font craindre le pire pour notre pays.
Les ennemis de l’unité nationale, les chantres de la division et les porteurs des idées courtes trouvent dans cette situation et dans l’arrêt, sans préavis, de la préparation du dialogue national un alibi pour assouvir leurs desseins inavoués. Ils soutiennent ouvertement que la rupture pacifique et responsable avec le mode de gouvernance passé est un vœu pieux et appellent ouvertement à la violence intercommunautaire, qu’ils considèrent comme étant la solution adéquate aux problèmes nationaux !
Sur la base de son évaluation de la situation nationale et internationale, le RFD :
✓ Appelle le Peuple mauritanien à :
- prendre conscience de la gravité du contexte particulièrement critique que traversent notre pays et le monde dans son universalité
- rester vigilant et à resserrer ses rangs pour mettre en échec les complots ourdis contre notre pays ;
✓ Engage ses militants et sympathisants à la mobilisation pour faire face au discours de haine et de division, en développant celui de l’unité et de la fraternité entre les citoyens mauritaniens de toute origine et de toute condition sociale.
✓ Exhorte le gouvernement à faire face, de toute urgence, à la crise économique et sociale sous laquelle pâtissent de larges couchent de notre peuple, dans les villes et campagnes.
✓ Appelle à un retour à la table de négociations pour la préparation d’un dialogue national, inclusif et apaisé dont les conclusions seront mises en œuvre par les voies constitutionnelles et légales, prévues à cette fin.
Nouakchott, le 20 Dhou Al Quida 1443 – 20 Juin 2022
Le Bureau Exécutif du Rassemblement des Forces Démocratiques