Le Figaro - Le commandant de l'opération Barkhane a rejeté lundi 27 septembre à Nouakchott les reproches du premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga, récusant en particulier l'expression d'«abandon» pour décrire la réorganisation du dispositif militaire français au Sahel.
Choguel Kokalla Maïga a affirmé samedi à la tribune des Nations unies que l'annonce par le président Emmanuel Macron en juin de la réorganisation de la présence militaire française, avec la fin programmée de Barkhane, représentait pour le Mali «une espèce d'abandon en plein vol», dénonçant un «manque de concertation» et une décision «unilatérale».
Le nouveau commandant de Barkhane, le général Laurent Michon, a assuré qu'au contraire la décision d'évacuer les forces françaises de leurs trois positions les plus septentrionales au Mali avait été mûrement réfléchie et discutée.
«Le projet de quitter Kidal, Tessalit et Tombouctou date d'il y a à peu près deux ans, 18 mois à deux ans», a déclaré à la presse le général Michon, après avoir rencontré le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le ministre de la Défense Hanena Ould Sidi et le chef d'état-major.
«Il a été élaboré avec les chefs d'État de la zone G5 (G5 Sahel : Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad), notamment à Bamako et à Niamey avec des autorités politiques qui connaissent le projet, qui le souhaitent, dans le cadre de l'Accord de paix» au Mali signé en 2015, a-t-il ajouté.
Le ministère français des Affaires étrangères a également démenti lundi les accusations de Choguel Kokalla Maïga qui a justifié l'ouverture de discussions avec la société militaire privée russe Wagner par la nécessité de «combler le vide» que laisserait selon lui le redéploiement français. La porte-parole du Quai d'Orsay a rappelé les exactions imputées aux «mercenaires» de Wagner dans d'autres pays.
Le plan français prévoit une évacuation de Kidal, Tessalit et Tombouctou pour recentrer les effectifs autour de Gao et Ménaka, plus près de la «zone des trois frontières», aux confins du Niger et du Burkina Faso.
«Si le premier ministre évoque par là le fait que nous retirions notre présence symbolique dans ces trois garnisons, ce n'est absolument pas un abandon, c'est une relève sur position» en termes militaires, a dit le général Michon.
«Dans ces trois garnisons, les unités de la Minusma, et surtout celles des FAMas, sont implantées, solidement implantées, et il ne s'agit nullement d'un abandon», a-t-il assuré en référence aux Casques bleus de la Mission de l'ONU (Minusma) et aux forces armées maliennes.
«La France, au lieu d'abandonner le Mali a eu comme succès politique de convaincre les Européens de venir se joindre à nous», a-t-il insisté, en référence au groupement européen de forces spéciales Takuba.
Le Figaro avec AFP