La Direction Générale des Infrastructures de Transport Routier DGITR est une administration centrale mauritanienne, qui, sous l'autorité du Ministre de l’équipement et des transports, est chargée d’élaborer et de mettre en œuvre les orientations de la politique multimodale des transports terrestres à laquelle se sont ajoutés les infrastructures comme les ponts, les aéroports, les routes et leur entretien. C’est dire que c’est un département stratégique dans la politique gouvernementale. Héritière de la célèbre DTP, la DGITR est aujourd’hui dépassée par l’ampleur et la complexité des taches qui lui sont confiées.
En effet les infrastructures sont la pierre angulaire de toute politique de développement et le programme du président Ghazwani ne s’y est pas trompé en lui consacrant la part du lion des réalisations futures. Mais force est de constater que ce secteur vit aujourd’hui une véritable léthargie qui coïncide mal avec le dynamisme et le volontarisme affichés par le ministre Mohamedou Ahmedou M'Haimid depuis sa nomination à la tête de ce très important département ministériel.
Dans les couloirs du ministère, tous pointent un doigt accusateur en direction du nouveau directeur général parachuté en juin dernier alors que la seule expérience importante dont il pouvait se targuer était d’avoir été chef de projet à la très décriée ATTM. Ne parlant qu’une seule langue, la dernière réunion de cadrage avec les sénégalais au sujet du Pont de Rosso avait tourné au Fiasco. Autant les sénégalais étaient à l’aise et semblaient connaitre leur dossiers sur les doigts de la main, autant coté mauritanien le malaise était palpable. Au sein des cadres du ministère, la colère et la frustration sont de mise. Pour pallier aux insuffisances, le ministère a été obligé de faire appel à des compétences extérieures comme cet ancien DTP qui est devenu omniprésent et omnipotent sur tous les dossiers. Pourtant le ministère regorge de cadres compétents à même de s’acquitter convenablement du boulot. Mais la plus part ont été mis sur la touche ou ont été victime des « purges » successives comme El Hadi Ould Senhoury, précédemment Directeur de l’Entretien Routier (DER) et bien d’autres encore.
Au lien de s’atteler à la gigantesque tache de doter le pays d’infrastructures de qualité et de préserver l’existant, la DGITR triture les entreprises et les sollicite à tout bout de champs. Prise en charge des missions du ministère, organisation de réceptions et recrutement de parents est devenu le lot quotidien de ces entreprises qui ne peuvent rien refuser à une tutelle qui leur tient le pistolet sur la tempe. Les blocages successifs souvent injustifiés, les retards de paiement ont mis à mal la trésorerie de ces entreprises dont certaines risquent à plus ou moins long terme le dépôt de bilan.
Il faut souligner que la part du Budget d’Investissement financé sur ressources propre est passée de 66 milliards UM en 2009 à plus de 130 milliards UM en 2019. Pendant la période 2009-2019, des milliards ont été engloutis dans des route souvent de mauvaises qualité : Travaux de réhabilitation du tronçon Kiffa-Tintane de la route de l'espoir 12,75 milliards d’UM (2009) ; Travaux de construction et de la route Kiffa-Kankossa, 7,95 milliards d’UM (2011) ; Exécution des travaux de construction de la route bitumée reliant Mederdra à R'kiz : 9 milliards d’UM (2013) ; Exécution des travaux de construction de la route Kiffa – Boumdeid : 13, 66 milliards d’UM (2014) ; Travaux de construction de la route Atar – Zouerate Lot 3 : 13, 67 milliards d’UM (2015) ; Construction de la route Atar-Tidjikja lot 2 : 9,66 milliards d’UM (2015) ; et enfin une vingtaine de milliards pour la voierie urbaine de Nouakchott, Nouadhibou et quelques autres villes de l’intérieur.
C’est dire que les enjeux sont colossaux et le gouvernement ne peut laisser longtemps la bride libre à des hommes qui apparemment ne sont pas à la hauteur de la mission.