Sidi Boubacar ABDELKADER - Le goût de la tomate n'aura plus la même saveur. Certes, pas pour celui qui la déguste. Plutôt pour celui qui l'achète, celle-ci est devenue bien amère.
La flambée des prix des fruits et légumes que connait notre pays due à la crise de Guerguerat pèse et pèsera encore plus sur les ménages mauritaniens et le portefeuille du citoyen lambda est certainement déjà à bout de souffle. Un constat suffisamment pesant pour lancer les débats au sein de la population mauritanienne.
Les esprits nationalistes diront qu’il faut tirer les leçons de cette crise et œuvrer davantage afin de garantir une certaine autonomie au pays. Il s’agit là bien sûr d’un réflexe patriotique commun à toutes les nations et qu’on ne peut que respecter. Mais réveillons nous, ce n’est pas demain la veille que cela arrivera et encore moins à la prochaine récolte.
Les esprits défaitistes passeront sous silence voire minimiseront cette épreuve. Ils afficheront une pseudo-résilience qui n’est autre que le reflet de leur incapacité à s'affirmer et à préserver leurs intérêts ; quitte à pâtir en silence. Seulement, sommes-nous capables de maintenir ce silence et jouer malgré nous ce rôle de figurant assez mal payé et tout sauf positif ; à défaut de pouvoir défendre haut et fort les intérêts légitimes des citoyens mauritaniens. Les esprits réalistes quant à eux, rappellent à juste titre, que la Mauritanie n’est ni le premier ni le dernier pays à dépendre d’un voisin qui plus est, un pays frère et ami. Et tandis que certains y voient une dépendance, eux préfèrent parler de partenariat et de relation win-win avec un Maroc fort de son expérience notoirement écrasante en matière d’agriculture.
Cependant, au-delà de ces différentes postures qui ont sans doute réussi jusque-là à surpasser le cap des moyens pour alimenter leurs esprits, il existe une très grande majorité de mauritaniens pour laquelle le débat est resté bloqué en cours de route ; mettant l’Etat ainsi au pied du mur.
Pour ces derniers, la fermeture du passage de Guerguerat par les milices du Polisario et le silence strident de nos dirigeants, est désormais une histoire qui se raconte de la sorte « sous prétexte de défendre leurs intérêts, ils nous privent des nôtres » et se demandent : sommes-nous plutôt devenus le "petit mur". « lehweit legsayyer ».
** En Hassaniya expression traduite littéralement par "le petit mur" convoquée pour insister sur l’insignifiance d’une personne ou d’une chose.
Par, Sidi Boubacar ABDELKADER
Source : Cridem