L’Assemblée nationale a tenu lundi une séance plénière consacrée à la discussion de la déclaration de politique générale du gouvernement présentée par le Premier ministre, M. Mohamed Ould Bilal vendredi dernier.
La séance, qui déroulée sous la présidence de M. Cheikh Ould Baya, président de l’Assemblée nationale, a été marquée par la présentation par les députés de leurs interrogations et observations qui ont dans l’ensemble apprécié le contenu de la déclaration de politique du gouvernement et souligné que ce programme ambitieux peut être considéré comme la concrétisation du programme électoral du Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani qui a acquis la confiance du peuple mauritanien.
Avant de répondre aux questions et remarques des députés, le Premier ministre les a remerciés pour leurs interventions et leurs précieuses suggestions.
Il a rappelé ensuite le contexte de la déclaration de politique générale du gouvernement qui prend en compte le programme du Président de la République et pose les mécanismes appropriés pour son exécution afin que le citoyen profite des atouts de ce programme et des opportunités qu’il ouvre pour régler les problèmes en suspens.
M. Mohamed Ould Bilal a ajouté que le programme en question repose sur quatre axes fondamentaux visant mettre en place un Etat fort, tirer profit de la diversité de notre société, créer une économie productive durable apte à être développée et valoriser les ressources humaines.
Il a relevé que ces axes s’appuient sur des principes essentiels comme la transparence dans toute action, l’accès à tous les services : emploi, décisions, marchés et le travail avec l’esprit d’équipe en raison de l’importance de ces facteurs dans la réussite de tout projet. A cela s’ajoute le fait que le gouvernement assume pleinement ses responsabilités, et qu’il doit rendre des comptes et coordonner l’action gouvernementale (programmes et politiques).
Le Premier ministre a précisé que la déclaration de politique générale du gouvernement n’a pu que prendre en considération la conjoncture générale que traverse le pays, marquée par l’hivernage, qui s’est répercutée sur la déclaration d’une part et la pandémie de la Covid-19qui a influé et continue d’influer sur l’action de l’administration, des entreprises et de la relation du pays avec l’étranger en plus des résultats de l’enquête parlementaire qui requiert du pouvoir exécutif une mobilisation des moyens pour appliquer, le cas échéant, les décisions du pouvoir judiciaire et introduire les réformes proposées.
Il a indiqué, dans ce cadre, que le gouvernement fait face à des défis majeurs qui ne peuvent être ignorés, avec en tête le renforcement de la cohésion nationale, qui est une exigence de tous, la réalisation de la justice et de l’égalité de chance ainsi que l’accès aux services, la lutte contre le chômage en particulier dans les rangs des jeunes, la lutte contre la gabegie en tant phénomène exécrable. lla souligné dans ce cadre, la compréhension, par le Président de la République, de la soif des citoyens pour les réformes demandées. C’est ainsi qu’il a œuvré pour étendre le programme ‘’Ewlewiyati’’(Mes priorités) aux secours des citoyens et au lancement d’un programme de décollage économique exécuté sur 30 mois et qui va coûter à l’Etat une enveloppe de 240 milliards d’anciennes ouguiyas. Ce programme intervient en sus des autres programmes prévus, notant qu’il permettra de créer des milliers d’opportunités d’emplois et d’appuyer les franges vulnérables dans les domaines de l’agriculture, de l’enseignement, de la pêche et des projets générateurs de revenus.
M. Mohamed Ould Bilal a souligné que la déclaration de politique générale du gouvernement se fonde sur une vision économique claire qui estime que le pays doit tirer profit des secteurs productifs comme l’agriculture, l’élevage, la pêche, le tourisme et les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTICs) pour favoriser son autonomie par rapport à l’extérieur.
Il a noté que les plans proposés pour la mise en œuvre du programme du gouvernement prend en compte le sérieux dans le travail et la faisabilité des projets et axe sur les projets à rentabilité économique, la préservation des acquis existants et leur maintenance et le respect des citoyens, toutes franges confondues.
Le Premier ministre a abordé les obstacles qui s’érigent devant l’exécution de ce programme avec en tête la faiblesse des ressources humaines, s’engageant à les surmonter par le biais de la formation continue et d’autres mesures pratiques dans le domaine des marchés, ce qui requiert une certaine accélération et ce, en plus des autres entraves sociales qui exigent le renouveau et un décollage au niveau de la réflexion.
Répondant aux questions des députés portant sur le premier axe abordant l’Etat de droit, M. Mohamed Ould Bilal a, au sujet des personnes interpellées dans le cadre de l’enquête parlementaire, précisé qu’il n’y a pas d’individu au- dessus de la loi. Par conséquent, le gouvernement suit le cours de l’enquête et s’il reste encore des personnes que l’on doit interpeller, elles seront libérées (de leur fonction) à cette fin, affirmant que le dossier est devant la justice et l’action du gouvernement se limite à appuyer la justice dans les services qu’elle pourrait demander et s’atteler à exécuter ce qu’elle demande.
A une question sur l’insécurité dans la capitale, Le Premier ministre a déclaré que le centre des opérations de Nouakchott, qui a été créé, a donné de bons résultats dans le suivi de la criminalité à travers l’usage de caméras dans les avenues et l’expérience sera étendue au niveau régional pour assurer la sécurité.
Répondant à une question sur les réalisations accomplies en matière sociale, il a précisé que l’Agence ‘’Taazour’’ a distribué de gros montants à un grand nombre de citoyens et dépêché des missions à l’intérieur du pays pour le même objectif et ce, en plus de la réalisation de nombreux projets.
Pour ce qui est des boutiques ‘’Emel’’, M. Mohamed Ould Bilal a précisé qu’elles seront toutes dotées en produits alimentaires immédiatement alors que la situation de leur personnel sera examinée pour régler les problèmes posés.
S’agissant de l’exode rural, il a dit qu’il représente une grande problématique qui a donné bien des soucis aux gouvernements qui se sont succédés notant que la mise en œuvre du programme de décollage économique ne manquera pas d’avoir des répercussions importantes dans la lutte contre ce phénomène et de contribuer à fixer les populations dans leur terroir.
En ce qui concerne la situation financière du pays, le Premier ministre a rassuré les députés sur le fait que le solde de la Trésorerie générale atteint actuellement 272 milliards d’anciennes ouguiyas comparé à 22 milliards au mois d’août dernier notant que cela est imputable à la bonne gestion et à la justice et l’équité en matière de recettes fiscales, relevant que 80 milliards de ce montant résultent d’un effort national propre.
Il a ajouté que le solde actuel en devises atteint un milliard 400 mille dollars. C’est donc un solde satisfaisant permettant de répondre à tous les besoins du pays à l’étranger.
Sur l’augmentation des budgets de certaines institutions, M. Mohamed Ould Bilal a indiqué que cela est positif en soi, notant que l’augmentation des budgets de la Présidence de la République, de l’Assemblée nationale et du ministère de la justice est due à ce que les dépenses communes dans ces institutions et ministère atteignaient 3 milliards que les responsables de ces institutions géraient pour couvrir les frais de l’eau,de l’électricité et de certaines autres dépenses. Mais, au lieu d’apparaitre sur leur budget respectif, elles apparaissaient sur les allocations prévues pour les dépenses communes.
A propos d’une question sur les marchés de gré à gré, il a souligné qu’ils sont prévus par la loi et l’on y recourt seulement dans les cas de nécessité mais ils ne doivent pas être la règle, précisant que ceux auxquels le gouvernement a recouru, l’étaient pour sauver les citoyens à l’intérieur suite aux pluies et inondations et pour les protéger contre les répercussions de la pandémie Covid-19. En conséquence il n’était pas possible pour le gouvernement de rester les bras croisés en ces circonstances, soulignant que l’inspection générale de l’Etat contrôle les marchés de gré à gré pour en déceler éventuellement les irrégularités.
Au sujet de l’axe des ressources humaines, le Premier ministre a fait remarquer que le gouvernement a fait un diagnostic de la situation des enseignants augmentant la prime d’éloignement de 50% et a recruté l’année écoulée 4000 prestataires de service de l’enseignement et 1000 instituteurs sortant desENIs et réalisé 120 écoles, ce qui fait que la Mauritanie est dans une excellente situation de nature à contribuer à l’existence de l’école républicaine.
Pour ce qui est du personnel non permanent (PNP), il a indiqué que sa situation a été réglée et tous ceux qui sont concernés sont devenus des travailleurs de statut régulier. Quant à leur situation matérielle, elle est sous examen, relevant qu’ils doivent rejoindre leurs postes et contribuer à l’œuvre de construction du pays.
Abordant les problèmes dont souffrent les entreprises de presse, le Premier ministre a précisé que l’Etat est en passe d’élaborer un contrat- programme avec ces entreprises avec des dispositions qui sont de nature à régler les problèmes des travailleurs.
Sur une question portant sur le manque constaté en matière de médicaments, il a relevé que cela est due à l’œuvre de réforme suivie en matière d’achat de médicaments, ce qui a conduit à une confusion au niveau de la chaine d’approvisionnement en plus des répercussions de la pandémie du coronavirus sur le marché mondial du médicament.
Les députés ont salué les interventions importantes enregistrées dans les domaines de la santé, de l’enseignement, de la lutte contre l’extrémisme et de l’ancrage de l’Etat de droit, soulignant que le programme du gouvernement constitue une approche réaliste pour développer les divers secteurs qui souffrent encore de certains problèmes et insuffisances en dépit des progrès réalisés.
Ils ont loué l’amélioration des conditions de vie des citoyens et l’intérêt porté aux infrastructures de la santé, l’attention accordée à la justice sociale et aux franges pauvres et mis en relief les programmes de développement des zones les plus vulnérables qui ont été dotées des équipements collectifs en matière d’enseignement, de santé, d’agriculture et d’élevage…
Les députés ont demandé de prendre davantage de mesures pour améliorer les secteurs de l’enseignement et de la santé et de porter plus d’intérêt à l’emploi, à la jeunesse, à créer des opportunités d’emplois et encourager le secteur privé pour le conduire à recruter massivement aux fins de résorber le chômage des jeunes. Un effort doit aussi être mené pour améliorer et moderniser les textes et assurer l’équité dans les contrats et les marchés publics.
A la fin de la séance, les députés ont adopté la déclaration de politique générale du gouvernement par 131 députés sur 149.
Source : AMI