Le Parlement de Mauritanie a décidé que les débats ne seraient plus traduits en langue française à l'intention des députés, une décision qui ne signifie pas qu'elle y est interdite, ont indiqué mercredi des responsables mauritaniens après une déclaration controversée du président de l'Assemblée.
Ancienne colonie française d'Afrique du nord-ouest, la Mauritanie compte une langue officielle, l'arabe, et trois langues "nationales", le poular, le soninké et le wolof.
Mais le français reste une langue de travail dans les administrations et des députés continuent à l'utiliser au sein du Parlement. Il est également présent à tous les niveaux de l'enseignement.
Le président de l'Assemblée nationale, Cheikh Ould Baya, a toutefois affirmé récemment aux députés que tenir un discours en français dans l'hémicycle "n'a plus de sens".
"Si vous parlez aux Mauritaniens, vous avez quatre langues d'expression qui sont prévues dans l'Assemblée", a-t-il dit, selon un enregistrement que l'AFP s'est procuré.
Les milieux francophones se sont émus de cette déclaration, interprétée comme une interdiction du français.
"Cette information est tout simplement infondée", a répondu mercredi dans un communiqué l'Assemblée nationale.
"Le français, comme toute autre forme d'expression, n'a jamais fait l'objet d'une quelconque interdiction dans l'hémicycle et certains députés continuent à en faire usage. Pas plus tard que durant la dernière plénière, d'honorables députés se sont éloquemment exprimé dans cette langue, qui reste en effet, à côté de l'arabe, l'une des langues de communication écrite dans les documents, lois et correspondances de l'Assemblée Nationale", selon le communiqué.
Ce qui est en revanche exact, c'est que le français ne sera dorénavant "tout simplement plus traduit" vers les quatre langues officielle et nationales, précise l'Assemblée.
"Comme beaucoup de députés ne sont pas francophones, le président encourage les intervenants à s'exprimer dans les langues traduites", explique le texte.
"Ce qu'il y a, c'est que l'interprétation des débats, faute de moyens et en conformité avec le règlement intérieur, est pour le moment réservée aux seules langues nationales", a déclaré à l'AFP le secrétaire général de l'Assemblée, Abdallahi Ould Saleh.
"C'est simplement une question d'organisation, un choix pris par des commissions parlementaires qui ont veillé à l'élaboration d'un nouveau règlement intérieur qui stipule que +l'administration de l'Assemblée nationale assure l'interprétariat des débats au sein de la chambre vers les langues nationales+", a-t-il ajouté.
France24