Aziz a dit et redit qu’il respecterait la Constitution. Il y est même astreint par la loi. Mais au-delà de ces assurances, morale et légale, les souteneurs saltimbanques, téléguidés par le régime, veulent l’enfoncer dans un inextricable parjure.
Qui faut-il désormais croire ? Le président ou ses sbires qui battent campagne pour la violation de la Constitution dont il est garant du respect?
Lors de la cérémonie de son investiture, en 2014, le président Aziz alors réélu le 21 juin avec 82 pc des suffrages lors d’une élection présidentielle boycottée par l’Opposition traditionnelle (FNDU), s’engageait en présence de nombre de ses pairs de la sous-région et d’un public rassemblé au Stade Olympique à respecter les dispositions constitutionnelles et à ne pas provoquer personnellement ou par ricochet des changements pour ce qui est des possibilités d’alternance politique et le respect de la durée des mandats.
A 62 ans, le président Aziz a donc déjà dirigé le pays sur une période de dix ans avec des hauts et des bas. S’il peut incontestablement se targuer d’avoir réussi une politique sécuritaire qui lui vaut d’ailleurs l’estime des occidentaux, il n’en est pas de même de la situation économique et sociale du pays qui ploie sous le poids d’une dette étouffante, d’une gestion abracadabrante des deniers publics et d’une violation continue des droits de l’Homme et des libertés publiques. La mauvaise gouvernance économique lui vaut aussi de prendre des distances avec le slogan du « président des pauvres» porté en étendard au lendemain du putsch contre le président Sidi Ould Cheikh Abdellahi, en 2008 et du « champion » de la lutte contre la prévarication.
Pour l’heure et malgré le redéploiement de ses principaux lieutenants dont d’ailleurs son outsider désigné, le Général Mohamed Ould Ghazwani, promu ministre de la défense, Mohamed Ould Abdelaziz semble tergiverser entre le devoir de respecter la Constitution et la tentation de répondre aux appels des sirènes qu’il tient par les cordes. Un signe révélateur de l’indécision du président semble être le recul du congrès de son parti l’Union pour la République (UPR). Un Congrès plusieurs fois annoncé avant d’être ajourné pour mars 2019 !
Alors pourquoi le président Ould Abdelaziz entretient-il encore le mystère autour de son remplaçant éventuel ? N’aurait-il pas encore fait tous ses calculs prospectifs pour se décider enfin de la conduite à tenir.
Dans son propre camp comme dans celui de l’Opposition démocratique on voit d’un mauvais œil le retour sur scène des souteneurs qui arguent de l’importance d’un 3ème mandat pour continuer « l’œuvre de construction entamée». Le même justificatif qui en d’autres lieux a perdu bien des dictateurs et qu’on soupçonne le président d’entretenir par des «voix autorisées» comme ce fut le cas avec le diktat du premier Ministre aux élus et populations des deux Hodhs récemment. Loin de rassurer sur ses intentions, le mutisme du président provoque un engrenage politique où ses propres soutiens ne se retrouvent plus. Pire encore, il crée les conditions de supputations dangereuses pour l’avenir et la stabilité du pays. Si donc Ould Abdelaziz cherche une victoire, ce sera sans doute celle acquise contre lui-même. C’est à ce prix -et à ce prix seulement- que se jaugera en primeur l’intérêt général sur les visées personnelles. Entre sortir par la grande ou la petite porte, il va falloir choisir.
JD