Deuxième et dernier jour de table ronde, ce jeudi, à Genève pour évoquer l’avenir du Sahara occidental. Si le Front Polisario et leMaroc sont présents pour ces discussions, les pays voisins, comme l’Algérieet la Mauritanie, ont aussi été conviés. Au menu de cette dernière journée, l’intégration régionale.
De nos envoyées spéciales à Genève,
« Opportunités et challenges de l’intégration régionale », c’est sur ce thème que planchent ce jeudi matin les responsables des différentes délégations présentes àGenève. Une notion économique avant d’être géostratégique. L’idée d’Horst Kohler, l’émissaire des Nations unies pour la question du Sahara occidental, c’est sans doute de mettre en avant les opportunités économiques dont pourraient bénéficier les pays de la région s’ils s’entendaient et travaillaient ensemble.
Le responsable onusien a donc fait ce choix de l’économie plutôt que de la politique pour une entrée en matière en douceur. La veille, les participants ont fait le point sur l’état du dossier. L’ordre du jour de ces discussions laisse donc vraisemblablement de côté l’épineuse question du statut juridique du Sahara occidental.
Voir l’aspect « gagnant-gagnant »
Il faut dire que se concentrer sur l’aspect économique a plusieurs avantages pour l’émissaire de l’ONU. De nombreuses études ont démontré que si l’Algérie et leMaroc se réconciliaient, les pays de la région gagneraient chacun deux à trois points de PIB par an. Finalement, ce serait « gagnant-gagnant » pour tout le monde.
Mais il n’est pas dit que le Front Polisario l’entende de cette oreille. La région du Sahara occidental est riche : la côte est immense, les eaux poissonneuses, le sol regorge de phosphates. Des richesses exploitées pour l’heure par le Maroc qui en est devenu le deuxième producteur mondial. Le royaume a multiplié les investissements. Mais quand les Marocains parlent de développement de la région, les Sahraouis eux y voient plutôt le pillage de leurs ressources.
Difficultés humanitaires
Autre point sensible : évoquer la région du Sahara occidental, c’est aussi aborder l’aspect humanitaire. En l’absence de recensement, on estime qu’il y a entre 100 000 et 200 000 réfugiés sahraouis.
Des hommes, des femmes et des enfants qui vivent dans des conditions précaires dans des camps situés principalement près de la ville algérienne de Tindouf et de la frontière avec le Maroc et la Mauritanie. Une situation qui sera au cœur d’éventuelles prochaines négociations.
Ces négociations seront d’ailleurs abordées lors des dernières discussions ce jeudi après-midi. En effet, le programme onusien prévoit d’envisager la suite de ce processus. Toutes les parties présentes à Genève doivent désormais se mettre d’accord sur le planning des réunions à venir. L’annonce d’un prochain rendez-vous pourrait donc intervenir dès la conférence de presse finale de Horst Kohlerattendue après cette ultime journée de table ronde.
Le Sahara occidental en dix dates clés
16 octobre 1975 : la Cour internationale de justice de La Haye se prononce pour l’autodétermination de la population du territoire.
6 novembre 1975 : le roi du Maroc Hassan II organise la « Marche verte » pour marquer l’appartenance du Sahara occidental au royaume.
14 novembre 1975 : un accord signé avec l’Espagne cède au Maroc le nord et le centre du Sahara occidental et à la Mauritanie le sud du territoire. La Mauritanie y renoncera six ans plus tard.
27 février 1976 : le Front Polisario proclame la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
12 novembre 1984 : le Maroc quitte l’Union africaine (OUA) après l’admission de la République arabe sahraouie démocratique.
6 septembre 1991 : un cessez-le-feu entre en vigueur mettant fin à 16 ans de guerre. Il est sous la surveillance d’une Mission de l’ONU (Minurso).
Mars 2012 : les discussions de Manhasset aux Etats-Unis, menées sous l’égide de l’ONU, s’achèvent sur un échec.
30 janvier 2017 : le Maroc réintègre l’Union africaine acceptant de fait de siéger aux côté de la RASD.
16 août 2017 : Horst Kohler, ancien président allemand, est nommé nouvel émissaire de l’ONU pour la Sahara occidental.
5 et 6 décembre 2018 : nouvelle table-ronde à Genève sous l’égide de l’ONU.
Rfi via cridem