Lors d'une récente interview accordée à Radio France Internationale (RFI), Mohamed Salem Merzoug, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur, a mis en évidence des enjeux majeurs qui pèsent sur l'avenir de l'Afrique. Il a notamment souligné l'urgence de relever les défis éducatifs et démographiques pour assurer un développement durable sur le continent.
Une jeunesse nombreuse, un potentiel à double tranchant
Selon le ministre, 62 % de la population africaine a moins de 25 ans, une statistique qui illustre le potentiel immense de cette jeunesse. Cependant, il a averti que cette situation pourrait se transformer en une "bombe à retardement" si des politiques adaptées ne sont pas mises en place rapidement. La gestion démographique et l'accès à une éducation de qualité figurent parmi les priorités pour transformer cette jeunesse en un atout pour le continent.
Des chiffres alarmants dans le domaine de l'éducation
Le ministre a présenté des statistiques troublantes sur l'état de l'éducation en Afrique :
-100 millions d'enfants africains n'ont pas accès à l'éducation ;
-10 millions d'enfants supplémentaires sont exclus des écoles à cause des conflits armés ;
-Seulement 35 % des élèves terminant l'école primaire possèdent une maîtrise minimale de la lecture et des mathématiques, tandis que 65 % n'atteignent pas ce niveau de base.
Ces données reflètent une crise éducative profonde. Mohamed Salem Merzoug a décrit cette situation comme étant "préoccupante et alarmante", appelant à une mobilisation générale pour y répondre.
L'impact des conflits sur l'éducation
Le ministre a déploré la fermeture de 20 000 écoles à travers le continent, directement attribuée aux conflits armés. Il a exhorté les pays africains à adopter une "vision commune et unifiée" pour mettre fin à ces violences, qu'il a qualifiées de "principale entrave au développement éducatif".
La priorité à l'éducation des filles
L'éducation des filles a été identifiée comme un axe crucial pour le développement du continent. Le ministre a insisté sur leur autonomisation, affirmant qu'elles jouent un rôle décisif dans la croissance et la prospérité de l'Afrique. Il a appelé les dirigeants africains, les gouvernements et les organisations de la société civile à faire de l'éducation des filles une priorité absolue.
Une conférence continentale sur l'éducation
Ces enjeux ont été au cœur des discussions lors d'une conférence continentale sur l'éducation tenue la semaine dernière en Mauritanie. Cet événement a réuni les chefs d'État de la Mauritanie, de l'Algérie, du Sénégal et du Rwanda, ainsi que des dizaines de ministres, responsables et experts africains.
Pendant trois jours, les participants ont échangé sur les défis éducatifs du continent, explorant des stratégies pour améliorer l'accès et la qualité de l'éducation, notamment à travers l'utilisation des technologies numériques. Cette conférence a mis en avant la nécessité de coopérer pour relever ces défis et garantir un avenir prospère à la jeunesse africaine.