Le mercredi 11 septembre 2024, une date désormais historique pour la Mauritanie, a vu l’arrivée sur le sol mauritanien d’un trésor artistique de portée mondiale : « Le Naturaliste Kummer devant le Roi Zaid », une aquarelle de Théodore Géricault. Cette acquisition précieuse a été rendue possible grâce à l’homme d’affaires et mécène Mohamed Mahmoud Ould Lekhal, dit Meyloud, et a été célébrée lors d’une exposition présentation organisée sous l’égide du Ministère de la Culture, des Arts, de la Communication et des Relations avec le Parlement, en partenariat avec l’Académie Diplomatique de Mauritanie.
L’œuvre, témoin d’un épisode méconnu de l’histoire mauritanienne, illustre une rencontre entre le naturaliste allemand Kummer et l’émir Zaid de l’Émirat du Trarza, au début du XIXe siècle. Cet événement culturel est bien plus qu’une simple exposition : il marque une étape importante dans la réappropriation du patrimoine mauritanien, avec un geste audacieux qui replace la Mauritanie au centre de la scène culturelle mondiale.
La cérémonie qui a suivi l’inauguration a réuni une foule composée de diplomates, de chercheurs et d’amateurs d’art. Le discours de Mohamed Mahmoud Ould Lekhal a été particulièrement émouvant. Il y a évoqué son attachement à l’histoire et à la culture de son pays, un intérêt hérité de son oncle, Mohamed Saïd Ould Hamody, une figure emblématique de la diplomatie et de la littérature mauritanienne.
"L’acquisition de cette œuvre n’est pas seulement un retour aux sources, mais aussi un appel à la réappropriation de notre histoire," a-t-il déclaré avec conviction, mettant en avant l’importance de préserver et de valoriser le patrimoine national pour les générations futures.
Le parcours de « Le Naturaliste Kummer devant le Roi Zaid » est aussi riche que son contenu historique. Créée au début du XIXe siècle par le célèbre Théodore Géricault, connu pour « Le Radeau de la Méduse », cette aquarelle est un joyau artistique de dimensions modestes (11 x 16,8 cm) qui a traversé plusieurs époques et propriétaires avant d’être rapatriée en Mauritanie. Après avoir appartenu à divers collectionneurs à Paris, elle fut mise aux enchères à Fontainebleau en 2024auprès de la maison Osenat. Bien que la vente n'ait pas abouti, Mohamed Mahmoud Ould Lekhal a saisi l’occasion pour acquérir l’œuvre de manière privée, permettant ainsi à ce trésor de retourner sur ses terres d’inspiration et de sujet.
Cet événement s’inscrit dans la continuité des initiatives de Mohamed Mahmoud Ould Lekhal en faveur de la préservation du patrimoine. En tant que président d’une association pour la protection du patrimoine de l’Adrar, il a lancé plusieurs projets visant à sauvegarder les vestiges culturels menacés. Pour lui, la culture est un levier essentiel pour le développement économique et social. "Elle peut transformer nos sociétés, lutter contre la pauvreté et promouvoir l’inclusion sociale," a-t-il affirmé, soulignant l’importance de protéger l’héritage national en tant que socle du développement futur.
Le ministre de la Culture, Hussein Ould Meddou, a également pris la parole pour saluer cette initiative et souligner l’importance de l’œuvre. Dans son discours, il a déclaré :
Que cet événement s’inscrit dans le cadre de notre diplomatie culturelle, une démarche qui vise à restaurer le rayonnement de la Mauritanie en tant que centre culturel et de transmission des savoirs. Cette œuvre, datant de plus de deux siècles, représente une partie importante de notre histoire nationale. Elle nous rappelle les compétences de nos ancêtres dans l’art de la cartographie et leur compréhension des grands enjeux géopolitiques mondiaux de l’époque.
Le ministre a rappelé l’importance de la culture dans le programme gouvernemental et les efforts déployés pour rapatrier les pièces du patrimoine mauritanien dispersées dans le monde. Il a rendu hommage à Mohamed Mahmoud Ould Lekhal pour son mécénat et au chercheur Sid Ahmed Ould L’émir, qui a contribué à la redécouverte de cette œuvre d’art.
Pour conclure la cérémonie, Mohamed Mahmoud Ould Lekhal a appelé les pouvoirs publics et les acteurs économiques à placer la culture au centre des politiques de développement :
"La culture n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Elle est la clé de notre avenir collectif. En nous tournant vers notre passé, nous pouvons construire un avenir prospère et solide."
Grâce à ce geste, Meyloud a permis de redonner vie à un chapitre oublié de l’histoire mauritanienne. Cette arrivée d’une œuvre d’art d’une telle importance est bien plus qu’une victoire culturelle : c’est une affirmation de la place cruciale de la culture dans la consolidation de l’identité nationale mauritanienne.