Organisé conjointement par la France, l'Union africaine et Gavi, l'Alliance du vaccin, le Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales, qui s'est tenu à Paris le jeudi 20 juin courant, marque, sans doute, une étape décisive dans la lutte pour renforcer la capacité de production de vaccins en Afrique.
Dans ce contexte, il ne serait pas fortuit de rappeler que récemment une tribune intitulée « Un formidable exemple de réussite du multilatéralisme » été signée par M. Emmanuel Macron, président de la République français, M. José Manuel Barroso ancien président de la Commission européenne, ancien Premier ministre du Portugal, et actuel président de Gavi, l’Alliance du vaccin, et M. Mohamed Cheikh El Ghazouani président de la République Islamique de Mauritanie, et président de l’Union africaine.
C’est l'épidémie de choléra qui sévit actuellement sur le continent africain qui a mis en lumière l'urgence d'accroître la production locale de vaccins. Lors du forum, les présidents sénégalais et rwandais, Bassirou Diomaye Faye et Paul Kagame, ont partagé leurs perspectives sur la nécessité d'une coopération renforcée pour améliorer l'accès aux vaccins en Afrique.
Le président Faye a souligné les disparités criantes entre les pays développés et ceux en développement en matière de vaccination, en notant que bien que l’Afrique représente environ 20% de la population mondiale, elle ne produit que 0,25% des vaccins mondiaux. Cette dépendance extérieure limite gravement la capacité du continent à répondre aux besoins de sa population en matière de santé publique.
Des initiatives concrètes ont été lancées depuis le début de la pandémie de Covid-19, notamment au Rwanda où la société allemande BioNtech prévoit de produire des vaccins contre le Covid-19, le paludisme et la tuberculose à Kigali. Le président Kagame a insisté sur la nécessité de viser des objectifs ambitieux pour développer de nouveaux vaccins et thérapies adaptés aux défis sanitaires spécifiques du continent.
Le point culminant du forum a été l'annonce d'un financement substantiel de plus d'un milliard de dollars destiné à soutenir la production locale de vaccins en Afrique, et surtout y créer un « accélérateur de la production des vaccins » qui permettra de développer des capacités de production sur le continent. Actuellement, l'Afrique importe 99% de ses vaccins à des coûts souvent prohibitifs, tandis que les pays riches accaparent une grande partie de la production mondiale.
Jean Kaseya, directeur général d'Africa CDC, a souligné l'importance de cette initiative pour promouvoir l'équité et offrir à l'Afrique la possibilité de produire ses propres vaccins. Cette avancée marque un pas significatif vers l'autonomie sanitaire du continent, réduisant sa dépendance vis-à-vis des importations extérieures et renforçant sa capacité à répondre rapidement aux crises sanitaires.
En parallèle, Gavi a lancé son plan de refinancement pour les cinq prochaines années, visant à mobiliser neuf milliards de dollars supplémentaires pour ses opérations. La directrice de Gavi, Sania Nishtar, a salué les promesses de financement pour l'accélérateur de production vaccinal, soulignant l'engagement global en faveur de l'accès équitable aux vaccins pour tous.
Depuis sa création au début des années 2000, Gavi a joué un rôle crucial en permettant la vaccination d'un milliard d'enfants parmi les plus vulnérables à travers le monde. Avec ce nouveau cadre de collaboration et d'investissement, les efforts pour renforcer la souveraineté vaccinale de l'Afrique sont désormais pleinement engagés, promettant un avenir plus résilient et plus autonome pour le continent face aux défis sanitaires mondiaux.