Le Président de la République et Président de l’Union africaine, Mohamed Cheikh El Ghazouani, a pris part, hier 29 avril 2024, au Palais des Conférences Jomo Kenyatta à Nairobi, aux travaux du Sommet conjoint des Chefs d’État africains et de l’Association internationale de développement (IDA). Ce sommet revêt une importance capitale dans le contexte actuel marqué par des défis sans précédent, tant sur le plan continental qu'international.
Plusieurs chefs d’État et de gouvernement africains, ainsi que le président du groupe de la Banque mondiale, ont participé à cet événement majeur. L'agenda était clair : discuter de la reconstitution des ressources de l'IDA, une institution vitale pour le développement économique et social des pays africains.
Fondée en 1960, l’IDA, rappelons-le, est une institution de la Banque Mondiale qui vise à réduire la pauvreté en fournissant des dons et des prêts à taux faible ou nul destinés à des programmes qui stimulent la croissance économique, réduisent les inégalités et améliorent les conditions de vie des populations.
Dans son allocution devant ses pairs africains et les autres participants, le Président de la République a souligné le caractère crucial de ce sommet, sur fond de défis multiples. Il a évoqué la complexité des enjeux actuels, allant de la pandémie de la COVID-19 aux chocs climatiques en passant par les crises sécuritaires et politiques qui secouent le continent africain, ainsi que d'autres régions du monde telles que l'Ukraine et le Moyen-Orient.
Le Président El Ghazouani a exprimé sa gratitude, au nom de l'Union Africaine et en son nom propre, envers les pays donateurs de l'IDA pour leur générosité. Il a également appelé à une reconstitution ambitieuse et solide des ressources de l'IDA, à la hauteur des défis de notre époque. Cette déclaration souligne l'importance cruciale de renforcer la coopération internationale et la solidarité entre les nations pour faire face aux défis communs.
En appelant à une reconstitution ambitieuse des ressources de l'IDA, le Président El Ghazouani a placé la barre haute pour répondre aux besoins urgents de développement en Afrique. Cela nécessitera non seulement un engagement financier accru, mais également une meilleure coordination des politiques et des initiatives de développement, afin de garantir une croissance inclusive et durable sur le continent.
A cette occasion, le Président Mohamed Cheikh El Ghazouani a prononcé une allocation dont voici la teneur :
«Excellence Dr. William Samoei Ruto, Président de la République du Kenya,
Excellences Messieurs les Chefs d’Etats et de Gouvernement,
Excellence Monsieur Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies,
Excellence Monsieur Moussa Mahamat Faki, Président de la Commission de l’Union Africaine,
Monsieur Ajay Banga, Président du Groupe de la Banque mondiale,
Monsieur Akinwumi Adesina, Président de la Banque Africaine de Développement,
Mesdames et Messieurs les représentants des donateurs de l’IDA et des institutions financières,
Mesdames et Messieurs.
Je voudrais, tout d’abord, signifier à mon frère et ami Son Excellence Dr. William Ruto, Président de la République du Kenya, qu’autant je le remercie, et à travers lui le gouvernement et le peuple kenyan frère, pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité généreuse, autant je le félicite, vivement, pour la parfaite organisation de ce sommet IDA- Afrique qui constitue une étape cruciale dans le processus de la 21ième reconstitution des ressources de L’IDA.
Je tiens, également, à exprimer, mes sincères remerciements au Président de la Banque Mondiale, Mr Ajay Banga, pour son leadership et son engagement en faveur de l’Afrique, tout comme je remercie, vivement, en mon nom propre et au nom de l’Union Africaine, l’ensemble des donateurs et parties prenantes de l’Association Internationale de Développement pour la générosité et la constance de leur appui.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Cette 21ème reconstitution des ressources de l’IDA se tient dans un contexte continental et international particulièrement difficile, et fortement marqué par les crises multiformes, Pandémie de la COVID, exacerbation continue des chocs climatiques. Crises sécuritaires et politiques, terrorisme et conflits armés, en Afrique, en Ukraine, au Moyen-Orient et un peu partout ailleurs.
Ces crises et conflits, au-delà des tragédies humaines qu’ils drainent dans leur sillage, impactent négativement et profondément l’économie dans le monde et, particulièrement, en Afrique, par leurs effets induits en termes de perturbation des chaînes d’approvisionnement, d’exacerbation de l’insécurité énergétique et alimentaire ….
Elles ont, ainsi, eu des conséquences massives sur les conditions de vie de centaines de millions de foyers dans les pays à faible revenu, en Afrique et dans le monde, et qui sont les principaux clients de l’IDA.
Aussi, l’éradication de la pauvreté et de la faim, à l’horizon 2030, qui semblait possible au moment du lancement de l’agenda du développement durable sont désormais hors de portée, pour la plus-part des pays africains.
De même, l’accès universel à l’eau potable à l’assainissement et à l’électricité est également un challenge difficile à relever.
Les besoins de financement additionnels pour les infrastructures de développement ont ainsi été estimés par la Banque Africaine de Développement entre 68 et 100 Milliards de dollars par an, tandis-que les besoins de financement additionnels nécessaires pour que l’Afrique atteigne les Objectifs du développement durable ont été estimés à 190 Milliards de dollars par an.
Excellences, Mesdames, Messieurs,
Ce bref tableau des besoins de financement montre, si besoin était, l’impérieuse nécessité d’une 21ème reconstitution ambitieuse et solide des ressources de l’IDA, au moment où plusieurs de nos États font face à des obligations et à des contraintes multiples: service de la dette, choc climatique, conflits et afflux de réfugiés.
Cependant à elles seules, les ressources de l’IDA ne suffiront point.
Pour financer notre développement nous aurons besoin de ressources massives de financements privés et de financement direct étranger.
Nous aurons besoin de réduire les coûts de financement du capital à travers un mix approprié de ressources concessionnelles et de financement au coût du marché.
C’est pourquoi, je voudrais, ici, exprimer mon très fort soutien à la réforme engagée par le Président Ajay Banga, en vue de bâtir une Banque Mondiale plus grande, plus forte et plus efficace, une banque mondiale dans laquelle les différentes branches publiques et privées opèrent en synergie.
Je tiens, également, à saluer ses efforts visant à réduire les délais de préparation des projets et à simplifier les procédures d’approbation et de mise en œuvre.
Je me félicite enfin de sa collaboration renforcée avec le Président de la Banque Africaine de développement, mon frère le Président Adesina, notamment dans le domaine crucial de l’accès à l’énergie et je formule le vœu que cette coopération s’étende à d’autres secteurs et inclut d’autre Banques Multilatérales de développement.
Excellences, Mesdames et Messieurs٫
L’IDA joue un rôle unique dans le financement du développement en Afrique ou elle intervient au niveau de 39 pays.
Au fil des ans, 1.5 Milliards de pauvres ont bénéficié des financements de l’IDA dont un nombre important de nos concitoyens africains.
Ce rôle doit se renforcer alors que nous faisons face aux défis majeurs des changements climatiques.
C’est pourquoi je réitère, au nom de l’UA et en mon nom propre, mes remerciements aux pays donateurs de l’IDA pour leur générosité et appelle à une reconstitution ambitieuse et solide des ressources de l’IDA à la hauteur des challenges de notre époque.
Le coût de l’inaction serait exorbitant en termes de fragilité et de précarité, de perte de vie humaines, d’années d’enseignement et d’opportunités de développement; tout comme en termes de gaspillage de notre ressource principale, notre jeunesse, et de détérioration environnementale.
Nous pouvons éviter un tel scénario en mettant l’Afrique sur la voie d’une croissance rapide, inclusive et durable.
Pour cela, nous avons beaucoup d’atouts à commencer par nos ressources humaines et nos ressources en capital naturel.
Et c’est pour nous aider à transformer notre énorme potentiel en développement économique et social durable porté par une croissance robuste, fortement génératrice de valeur ajoutée et d’opportunités d’emploi que nous avons impérativement besoin d’une forte reconstitution des ressources de l’IDA.
Convaincu que notre présent sommet contribuera amplement à la réalisation de cet objectif, je souhaite à ses travaux pleins succès et réussite
Je vous remercie».