Alors que l'on espérait des révélations significatives ou au moins un début d'explication concernant l'origine de la fortune considérable de l'ancien président, désormais avouée, celui-ci a éludé la question en optant, comme à son habitude, pour une tentative désespérée de diversion.
En effet, feignant une certaine gêne, l'ancien président a déclaré que 70 % de ses biens non déclarés proviendraient de deux valises de billets remises par son successeur, Mohamed Cheikh Ghazwani, le 2 août 2019, quelques jours après son départ de la présidence. De plus, il a prétendu que le responsable logistique de la campagne lui aurait envoyé 50 véhicules Pick-up. Pour étayer ses dires, il aurait initialement refusé ces biens avant d'être convaincu par son interlocuteur, qui prétendait avoir reçu une quantité bien plus importante.
Cependant, il convient d'examiner cette affirmation ou révélation avec prudence, surtout dans le contexte actuel. Premièrement, examinons-la du point de vue de la simple logique. Ould Abdel Aziz a l'habitude de fournir des détails excessifs, au point de tomber dans des contradictions. Il a spécifié que le président lui aurait remis deux valises, l'une blanche contenant 5,5 millions de dollars en billets usés, et l'autre grise avec 5 millions d'euros en billets de 200 euros.
Selon le site du Trésor américain( http://www.ustreas.gov/press/releases/rr2748.htm, pour 1 million de dollars en coupures de 100 dollars, cela formerait une pile d'environ 1,24 mètre de billets avec un volume d'environ 13 litres, pesant environ 10 kg. Étant donné que les billets sont usagés, il faut ajouter près de 30 % en volume. Ainsi, pour 5,5 millions de dollars, le poids total serait d'environ 55 kg, avec un volume d'environ 90 litres. Aucune valise ne peut contenir une telle quantité ni supporter un tel poids. Il semble donc très probable que cela soit un mensonge supplémentaire, similaire à la tentative de prétendre que les fonds envoyés dans le cadre du Ghanagate appartiennent à un proche du président.
Même en supposant que cela soit vrai, cela ne justifierait pas l'ensemble de sa fortune antérieure. Cela ne couvrirait pas les 2 millions de dollars qu'il a admis avoir confiés à Selmane Ould Brahim, les 1,5 milliard de MRO pour la clinique de sa fille, les 7 milliards de MRO confiés à Brahim Ould Ghadda, et les 3,5 millions d'euros prêtés à Mohamed Boussabou pour la construction d'une usine à Nouadhibou. Si l'on ajoute à cela les 24 milliards de MRO passés sur les comptes de la fondation Errahma et avec lesquels il aurait construit son domicile actuel, ainsi que de nombreuses propriétés et usines, on se rend compte que cela ne représente qu'une fraction de sa fortune, et de surcroît, tous ces biens ont précédé cette prétendue "libéralité".
Il semble donc que ces déclarations ne constituent qu'une tentative désespérée de justifier une richesse préexistante dont les origines demeurent obscures. En attendant de nouvelles informations et enquêtes, la crédibilité de ces explications reste fortement remise en question, alimentant davantage le doute et les interrogations sur les agissements passés de l'ancien président mauritanien.