Le Calame - Depuis quelques semaines, des partisans de l’ex-président Ould Abdel Aziz et d’autres citoyens peu suspects de sympathie pour lui – du moins en apparence… – sont revenus de long en large sur ses prétendues réalisations et de citer, pêle-mêle, les hôpitaux de cardiologie, oncologie et celui des spécialités...
Comme pour suggérer en filigrane que le pouvoir actuel n’a pas beaucoup, sinon très peu, de réalisations à son actif. Ridicule, vous en conviendrez.
Quand, en onze années d’exercice, vous n’avez réalisé qu’un ou deux hôpitaux dont la construction était déjà prévue par le pouvoir que vous aviez renversé et quelques kilomètres de goudron, on peut avancer sans risque que vous avez lamentablement échoué.
Surtout quand on jette un coup d’œil sur le coût de ces « grandioses » réalisations. À l’arrivée au pouvoir de MOAA, la Mauritanie était endettée à hauteur d’un milliard de dollars ; à son départ, la note s’était élevée au quintuple ! 100% du PIB ! Le comble pour un pays pauvre comme le nôtre qui ne pourra même pas faire aux intérêts de ce passif…
Si l’on y ajoute le budget de l’État parti à vau-l’eau, on se rend compte que cette décennie nous aura coûté fort cher. Prenez le temps de calculer le rapport entre ce qui a été fait et son coût, vous aurez une idée de l’ampleur du gâchis.
La Commission d’enquête parlementaire ne s’y est d’ailleurs pas trompée. Et si celle-ci a pu déterrer un bon nombre de dossiers tout aussi pourris les uns que les autres, la décennie est encore loin d’avoir dévoilé tous ses secrets.
Chercheraient-ils donc, ces laudateurs tardifs, sinon nostalgiques, à raviver le zèle des enquêteurs ? L’approche d’élections rend certes les acteurs politiques gourmands mais la prudence n’en reste pas moins la mère de la sûreté.
Moins de vacarme, messieurs-dames ! Et même si vous n’aviez que le désir – intention à tout le moins louable, à défaut d’être appropriée au cas de MOAA – de remercier l’ex- chef de l’État d’avoir œuvré pour le pays, prenez tout même le temps, avant d’en rajouter une couche, de méditer la célèbre sentence de Robert Mugabe : « Si tu remercies un président d’avoir réalisé quelque chose, c’est comme si tu remerciais un guichet automatique de t’avoir donné de l’argent ».
Des louanges d’autant moins indiquées, en l’occurrence du président en question, qu’il ne nous a pas donné de l’argent… mais nous en a pris ! Beaucoup.
Ahmed ould Cheikh