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Suite à la naissance il y a quelques jours d'une organisation affiliée à l'Union Nationale du Patronat Mauritanien (UNPM) et qui a été baptisée par ceux qui en ont la paternité "Fédération des Femmes Chefs d'Entreprises", des rumeurs et des interprétations fantaisistes ont été diffusées ça et là par les amateurs de sensationnel ainsi que par certaines sources dont le sérieux et l'objectivité ne sont généralement pas garantis.
C'est ainsi qu'on a parlé de "crise à l'Umafec", de "passe d'armes" et même de "coup d'Etat"...
Face à tant de confusions, l'Umafec estime qu'il est de son devoir d'éclairer l'opinion publique dans son ensemble sur les tenants et aboutissants de cet événement, ou de ce non événement, afin que tous soient objectivement informés et que chacun puisse juger en parfaite connaissace de cause.
Aussi, avons- nous décidé de porter à la connaissance de nos concitoyens l'enchainement des faits qui a débouché sur la création de la "Fédération des femmes" objet des rumeurs, en précisant d'emblée notre opposition à cette dénomination, pour les raisons que nous expliciterons plus loin.
Il y a quelques mois se tenait un congrés de l'Unpm à l'issue duquel a été publiée la liste d'un bureau national composé d'une vingtaine de membres ne comprenant aucune femme. Un tel déni de l'existence-même des femmes fut accueilli avec stupéfaction par tous ceux qui ont eu connaissance de ce véritable scandale.
Des voix condamnant sans réserve cette ségrégation d'un autre âge se sont élevées de toutes parts et à tous les niveaux de la société mauritanienne.
Devant cette unanime levée de boucliers et ayant mesuré l'ampleur du rejet de leur ligne de conduite, certains responsables de l'Unpm, sommés de réparer leur faute, ont cru trouver la bonne parade en conviant à une discussion des dirigeantes de l'Umafec.
L'umafec a répondu favorablement à l'invitation, manifestant ainsi sa disponibilité à débattre du problème dans le but de réparer le tort et par la même voie mettre fin à une violation caracterisée des lois du pays et notamment la lettre et l'esprit de la Constitution de la République.
Cependant, la proposition soigneusement préparée et soumise à l'Umafec par l'autre partie représentée par le président de la confédération patronale, se fondait sur des considérations bien différentes et visait un tout autre objectif.
Visiblement, il ne s'agissait pour notre interlocuteur que de noyer le poisson et perpétuer le scandale tout en ayant l'air d'avoir trouvé la bonne solution. Dans une démarche dont le postulat de base était, semble -t-il, l'infantilité des femmes, notre interlocuteur proposa la création d'une fédération dédiée uniquement aux femmes.
Les représentantes de l'Umafec exprimèrent avec franchise leur étonnement devant cette proposition, certes originale, mais qu'elles jugeaient inacceptable pour trois raisons principales :
D'abord, une fédération de l'Unpm est par définition un regroupement à caractère syndical d'entreprises mauritaniennes oeuvrant dans la même branche d'activité économique et affrontant les mêmes problèmes, telles, par exemple, la fédération des boulangeries, la fédération banques et finances, la fédération tourisme...
Or, être femme, tout comme être homme, n'est ni une profession, ni une branche d'activité économique;
Ensuite, les femmes entrepreneurs travaillent dans des secteurs divers et variés, sont confrontées à des défis de nature différente et ne peuvent donc pas accepter d'être recluses dans un seul cadre corporatiste, qui en réalité n'en est même pas un, puisqu'il est fondé uniquement sur le genre.
Enfin, la ségrégation à laquelle notre interlocuteur semblait s'accrocher de toutes ses forces serait, si elle était appliquée, une singularité dans notre pays, puisque toutes les autres organisations syndicales y sont mixtes, que nous avons une assemblée nationale mixte (bien heureusement ! ) et que notre gouvernement est mixte, tout comme le sont nos administrations, les instances dirigeantes de la totalité de nos partis politiques, les directions des organisations de la société civile, et même quelques bureaux des fédérations affiliées à l'Unpm présidée par notre interlocuteur.
Il est donc permis de douter de l'utilité réelle d'une fédération "rien que pour les femmes", alors même que celles-ci sont déjà présentes dans les différentes fédérations de l'Unmp correspondant à leur branche d'activités.
Il est également permis de se demander si la fédération voulue par notre interlocuteur ne serait pas en fait une camisole de force servant à mettre en quarantaine les femmes entrepreneurs et à les maintenir loin des centres de décision de l'unpm, en particulier son bureau exécutif, pour des raisons inexpliquées.
Nous nous sommes efforcées de faire comprendre à notre vis à vis que ce
que nous demandons est aussi simple que légitime: juste une meilleure représentation des femmes dans les instances du l'unpm et la fin de notre scandaleuse exclusion de son bureau exécutif, cette aberration faisant fi des lois de la République, du bon sens, des usages et règles d'équité qui dictent la pluralité et la représentation proportionnelle dans ce genre d'organisations.
En vain. Notre interlocuteur tenait mordicus à "sa" solution et voulait manifestement nous l'imposer manu militari. Objectif qui ne sera pas atteint.
Après cet echec imputable uniquement à l'entêtement de notre interlocuteur, celui-ci, mû selon toute vraissemblance par un singulier désir de rabaisser les femmes, de les humilier, de les diviser, poursuivit unilatéralement la réalisation de son objectif en préparant activement à l'insu de la très grande majorité des femmes entrepreneurs et chefs d'entreprises un congrès constitutif d'une fédération de femmes affiliée à l'unpm et attachée à sa personne.
Pour les besoins de la cause, des femmes totalement étrangères à l'entreprenariat furent mises à contribution et devinrent chefs d'entreprises le temps d'un congrès.
Les impératifs de conformité aux règles applicables en la matière furent délibérément ignorés.
Notre ex interlocuteur utilisa toutes les recettes de l'illusionisme pour avoir sa fédération de femmes.
Mais, dans la réalité, le problème reste entier.
La grande majorité des femmes réelllement entrepreneurs et chefs d'entreprises continueront à refuser fermement d'être marginalisées par un tour de passe et gardées à distance des instances dirigeantes de l'unmp, organisation qui, de notre point de vue, ne devrait pas être un royaume sur lequel règne un seul individu appliquant à volonté ses propres lois fussent-elles en opposition frontale avec celles de la République.
Quoi qu'il en soit, l'Umafec qui compte des centaines de femmes commerçantes ou chefs d'entreprises, restera ce qu'elle a été depuis sa création il y a trente ans. Elle poursuivra sans relâche son oeuvre au service de la femme mauritanienne et de la Mauritanie, en tant
qu' association indépendante de solidarité féminine ayant obtenu du ministère de tutelle son récépissé, l'ayant réguliérement renouvelé, et ayant à son actif de grandes réalisations dont notamment la construction d'un marché moderne pour les femmes à Nouakchott, un fonds de microcrédits destiné aux femmes désirant s'insérer dans un secteur économique, des formations professionnelles au profit de jeunes femmes en début de carrière, l'organisation de plusieurs expositions commerciales, la création d'un nombre non négligeable de postes d'emploi...
Au plan international, l'Umafec est membre fondateur du réseau des femmes chefs d'entreprises arabes, membre fondateur du réseau africain des entreprises féminines et
membre fondateur des femmes chefs d'entreprises maghrébines.
L'Umafec est également membre du réseau mondial des femmes chefs d'entreprises et du Conseil des femmes africaines et espagnoles dont elle assure le secrétariat général. L'Umafec envoie souvent sur ses frais des représentantes à des rencontres régionales ou internationales.
Elle continuera d'aller résolument à l'avant malgré les obstacles, les activités de sape et toutes les tentatives visant à la destabiliser ou à l'annihiler.
Et c'est en totale conformité avec sa mission, ses principes et ses objectifs que l'Umafec :
- Exprime ses réserves sur les motifs, les modalités de création et la finalité d'une "fédération des femmes" au sein de l'Unpm;
-Regrette que la décision de cette création ait été prise contre l'avis de la grande majorité des femmes concernées, et executée à leur insu;
- Réitère sa ferme condamnation de la grave injustice faite aux femmes lors de la désignation du bureau exécutif de l'unpm, de même qu'elle réitère son rejet des manigances et menées troubles qui l'ont suivie et qui visent fondamentalement à perpétuer la marginilastion de la femme mauritanienne;
- Déplore que cette affaire, source potentielle de discorde et de conflits, ait eté déclenchée au moment même où les mauritaniens doivent impérativement rester unis et fermement engagés au service de leur pays commun, loin des agissements provocateurs et des postures conflictuelles irresponsnles, irréfléchies et en définitive nuisibles à tous.
- Fait supporter au seul président de l'unpm l'entière responsabilité des conséquences de ses agissements;
-Met en garde contre toute tentatation de confiscation des acquis des femmes mauritaniennes et contre toute velléité de rétrograder leur statut, alors que notre pays a toujours été une terre de tolérance, de pluralité, d'attachement à l'équité , un pays dans lequel le respect temoigné aux femmes n'avait son pareil nulle part ailleurs.
Nouakchott, 19 juin 2022
Pour l'UMAFEC:
La Présidente Lematt Mint Megueya.
- ueya.
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Suite à la naissance il y a quelques jours d'une organisation affiliée à l'Union Nationale du Patronat Mauritanien (UNPM) et qui a été baptisée par ceux qui en ont la paternité "Fédération des Femmes Chefs d'Entreprises", des rumeurs et des interprétations fantaisistes ont été diffusées ça et là par les amateurs de sensationnel ainsi que par certaines sources dont le sérieux et l'objectivité ne sont généralement pas garantis.