2015 : Une année difficile sur le front de l’économie | Mauriweb

2015 : Une année difficile sur le front de l’économie

mar, 05/01/2016 - 20:03

 Malgré les dénégations des autorités, qui ont toujours affirmé que la situation était «excellente»,l’année 2015 aura été particulièrement éprouvante pour laMauritanie au plan économique. 

Comment pourrait-il en être autrement, alors qu’au niveau international, l’économie mondiale vit actuellement la plus forte incertitude jamais connue depuis la fin de la seconde guerre et qu’au niveau national, au moins deux importantes sources de revenus, la SNIM et les dividendes et impôts versés par les entreprises étrangères en Mauritanie, ont été coupées, à cause des difficultés que connait le secteur minier dans le monde et qui ont provoqué des chutes drastiques des prix des matières premières.

Avec de telles contraintes, le Gouvernement de Yahya Ould Hademine a eu du mal à boucler une année 2015 qui aura été celle de tous les défis. Et n’eût été la chute des prix du pétrole sur le marché international et les revenus engrangés à cette occasion par l’Etat (40 à 60 milliards d’UM), ça aurait été difficile de finir l‘année 2015 pour le gouvernement, qui a aussi profité de la signature de l’Accord de Pêche avec l’UE et de la contribution des Saoudiens.

Des indicateurs «acceptables», mais…

Pourtant, malgré toutes ces difficultés, les indicateurs économiques de laMauritanie restent dans le domaine de l’acceptable. Taux de croissance annuel du PIB de 5,5% en 2015, un taux d’inflation de 3,4% et 639,1 millions de dollars de réserves officielles brutes. 

Le secteur de la pêche reste dynamique et bénéficie de la finalisation (en juillet 2015) d’un accord bilatéral qui a été longtemps négocié avec l’Union européenne. Le secteur des services reste le plus important contributeur à la croissance du pays, avec le secteur primaire. 

Pour leur part, l’agriculture et la pêche ont progressé au rythme de 4%. Du côté des dépenses, un net repli de l’investissement privé a largement comprimé (de quelque 24%) la formation de capital fixe au cours de l’année écoulée. 

La profonde dégradation des termes de l’échange (-23 % en 2014 et -11 % en 2015) a contraint les autorités mauritaniennes à dévaluer l’ouguiya : la monnaie nationale s’est dépréciée de 5% par rapport à 2014, après s’être appréciée en valeur réelle du fait du différentiel d’inflation avec les principaux partenaires commerciaux du pays. 

Cependant, l’inflation reste contenue. Tel est le côté pile des performances économiques de la Mauritanie, confirmées par la Banque Mondiale et le FMI, mais souvent contestées par l’opposition qui a encore en tête la falsification des chiffres en 2004. 

Côté face, le principal problème de la Mauritanie, c’est d’avoir renoué avec la dette. Rien qu’avec le crédit IDA (Association Internationale de Développement), le compteur affiche 596,92 millions de dollars en 2015, dont 393,4 millions décaissés au 30/06/2015. 

Si on y ajoute les montants contractés auprès de nos «frères» arabes et de notre«nouvel ami», la Chine, on peut considérer que le fardeau de la dette est l’une des principales causes du ralentissement de l’économie mauritanienne.

Parmi les causes de ce ralentissement, il y a aussi, sans doute, le non exécution de certains programmes ainsi que le non décaissement d’un montant important de dons de l’IDA : sur 31 millions de dollars, seuls 2,94 millions ont été décaissés au 30/06/2015 et 20,273 millions ont été annulés.

…. de nombreux problèmes de développement

Le taux de pauvreté reste élevé, surtout dans les campagnes. Les principaux obstacles au recul de la pauvreté sont la faible productivité de l’économie rurale, l’absence de secteurs à forte intensité de capital humain, les problèmes de gouvernance, la piètre qualité des services publics et la vulnérabilité aux chocs exogènes. 

La Mauritanie souffre en effet de nombreux problèmes de développement, notamment de l’utilisation inefficiente des recettes provenant de ses ressources naturelles, de son déficit de compétitivité, de son manque de diversification et d’une mauvaise gestion des affaires publiques. 

Les industries extractives, qui sont le moteur de la croissance du pays, créent très peu d’emplois. Il est donc impératif que l’État mauritanien adopte un régime fiscal approprié, qui lui permette à la fois de recouvrer une proportion équitable des bénéfices financiers liés aux ressources naturelles et de promouvoir des politiques bien structurées, axées sur le réinvestissement de ces bénéfices ainsi que sur l’investissement, de façon à générer des rendements pérennes et mieux répartis. 

Les secteurs de l’agriculture et de la pêche, qui emploient la majeure partie de la main-d’œuvre et qui offrent un potentiel significatif, sont encore peu productifs et restent vulnérables aux effets du changement climatique.

La compétitivité de la Mauritanie pâtit de la petite taille de l’économie formelle, du manque de diversification et de la fragilité du cadre juridique. Depuis les années 1990, les exportations du pays se limitent aux produits des activités minières et de la pêche, qui, en moyenne, ont représenté les quatre cinquièmes du total exporté de 1990 à 2000. 

Ces dernières années, exception faite du pétrole brut, la Mauritanie n’a pas diversifié son économie. Au contraire, elle a encore plus concentré ses exportations entre 2012 et 2013 : sur cette période, le minerai de fer est entré pour plus de la moitié dans le total exporté.

La lutte contre les inégalités et la redistribution de la richesse sont deux grands défis que la Mauritanie est à même de relever, à condition de poursuivre ses efforts en faveur d’une bonne gouvernance, en particulier dans le secteur minier et dans les entreprises d’État. 

La bonne gouvernance joue également un rôle essentiel dans le renforcement de la résilience sociale qui facilitera l’amélioration des services de santé (santé maternelle et infantile et diminution de la mortalité des enfants, en particulier) et la lutte contre la faim.

La Mauritanie dispose d’abondantes ressources naturelles.

Elle est le deuxième exportateur africain de minerai de fer. Elle exporte aussi de l’or et du cuivre, deux produits offrant un important potentiel de croissance. 

De plus, elle produit un peu de pétrole et possède de très vastes gisements de gaz naturel (gisement offshore de Banda). Et ses eaux sont parmi les plus poissonneuses au monde. Pourtant, malgré tout, rien ne nous garantit que l’année 2016 ne sera pas autant – sinon plus – difficile que 2015 au plans économique et social.
 

L'Eveil-Hebdo