Eau, pierres et tête de scorpion...Prélude à l'abandon de la ville de Tidjikja.. Par: Dr Mohamed Yeslim Eljoud | Mauriweb

Eau, pierres et tête de scorpion...Prélude à l'abandon de la ville de Tidjikja.. Par: Dr Mohamed Yeslim Eljoud

jeu, 06/05/2021 - 19:03

Lettre aux Tidjikjois:

Chers frères et soeurs, amis Tidjikjois, je vous aime bien et je ne vous veut que du bien. C'est pour cela que je vous demande de bien vouloir me lire jusqu'au bout même si je disgresse un peu. Laisser moi vous le dire le plus gentiment possible: de grâce ne vous cramponnez pas désespérément à cette idée chimérique d'une université chez vous (1). De grâce, comprenez cette vérité bien simple même si elle vous parait un peu amère:

Vous habitez un coin oublié lors de la distribution de l'eau. Nous parlons ici de sa distribution primordiale à l'aube du temps. Pour mieux comprendre laissez-moi vous raconter des petites histoires de notre patrimoine culturel traditionnel.

La première c'est l'histoire du scorpion. On raconte que lors de la distribution (primordiale) des têtes, le scorpion arrivant en retard trouva qu'il ne restait que des têtes extrêmement moches dont la tête du scarabée. Le scorpion, en bon snobe, déclara que s'il fallait choisir entre ces têtes-là, il préférait rester sans tête.

La deuxième est celle de la distribution (primordiale) des roches, pierres et autres cailloux. La distribution se faisait de manière relativement uniforme sur toutes les régions. Hors au moment d'arriver au Tagant la nuit tomba et toutes les pierres restantes furent déversées sur place. Ce qui soit dit en passant priva le Guebla de pierres (2).

Eh bien la troisième que nous nous devons d'ajouter maintenant c'est que Tidjikja et le Tagant en général ont étés oubliés lors de la distribution (primordiale) des ressources en eau. Le Tagant, ou petite forêt, pays qui ne manque pas de pierres manque cruellement d'eau. Préparez-vous, mes amis Tidjikjois, a abandonner ce pays austère. Certains me diront sans doute que j'exagère. Que le problème de l'eau à Tidjikja n'est pas un problème insoluble: Impossible à  résoudre. Il y'a des solutions:

Par exemple, La creation d'un barrage sur l'oued Tidjikja. Certes, le site de  Baghdada est idéal pour un barrage d'un point de vue géomorphologique. Certes, l'oued Tidjikja charrie d'importantes quantités d'eau. Il draine un important bassin versant. Mais oubliez tous ça. On ne peut pas le faire. Croyez-moi, nous y avons pensé.

Ou bien prospecter pour de l'eau potable dans les grès cambro-ordoviciens du Tagant. Certes, ces grès sont semblables à bien d'autres grès aquifères de part le monde. c'est  donc intéressant comme idée mais oubliez ça, on n'y a pensé et on ne peut pas le faire.

Aller un peu plus loin pour voir ce qu se passe au niveau du continental intercalaire ou du continental terminal. Certes, ces formations sont connues comme étant aquifères ailleurs. Mais, de grâce, oubliez cela nous y avons pensé et c'est impossible.

Les eaux de la tamourt En'aj sont abondantes et se trouvent à une petite distance de Tidjikja. Elles pourraient être acheminées relativement facilement. Mais, je vous le répète, nous y avons pensé et c'est impossible.

Impossible… impossible… impossible...

Quelle solution alors me dites vous? Merci de demander... la solution idoine c'est purement et simplement d'abandonner cette ville. Abandonner cette ville sans eau,.. Abandonner cette ville un peu trop excentrée, un peu trop vielle, un peu trop rebelle.

Et qu'on ne nous parle plus d'université à Tidjikja. 

Un ami qui vous veux du bien (3).

 

1. Le ministre porte parole du gouvernement et aussi ministre de l'enseignement supérieur (Sidi O. Salem) nous signale cette semaine l'intention du gouvernement,  ou est-ce seulement son intention a lui, d'abandonner le projet d'une université à Tidjikja.

 

2. A nos amis du Guebla, votre quota de pierre se trouve au Tagant. Vous pouvez venir le chercher. Boutilimit s'est, semble-t-il, déjà portée candidate pour accueillir la dite université.