Ould Abdel Aziz à Jeune Afrique : « Qui veut tromper qui ? » | Mauriweb

Ould Abdel Aziz à Jeune Afrique : « Qui veut tromper qui ? »

mer, 28/02/2018 - 10:35

Déjà en Novembre 2017 nous avions pointé  «  Les dix erreurs flagrantes de Jeune Afrique à propos de l’avenir en pointillé de la Mauritanie »

 

 Depuis, le magazine panafricain basé à Paris, semble avoir pris « goût » à la Mauritanie et, il ne se passe quasiment pas une semaine, sans publication d’une actualité de préférence caressant dans le sens des poils les dirigeants du pays.  

Sachant l’engouement du journal et son empressement à servir  les Kleptocrates africains prompts à délier les cordons de leur bourse,  cela n’est guère étonnant.

Cette fois le journal nous revient avec une interview fleuve du Président Mohamed Ould Abdel Aziz. Un exercice dans lequel la complaisance le dispute à la flagornerie.

Si l’on parcourt les questions uniquement, on se rend compte qu’il ne s’agit pas d’une interview vive mais de questions sans relances qui ont été écrites et remises à l’interviewé. D’après plusieurs sources Justine Spiegel n’aurait pas mis les pieds en Mauritanie) Mais qu’à cela ne tienne !

Jeune Afrique ainsi d’ailleurs que Ould Abdel Aziz n’ont pu éviter l’écueil  des dix grosses erreurs,  approximations et omissions.

Pourquoi le journal a-t-il accordé cette tribune au potentat de Nouakchott ? Quelle en est la contrepartie ? Et surtout pourquoi les questions qui intéressent les mauritaniens (y compris celles qui fâchent) n’ont même pas été effleurées ?

 

1-      A la question, un dialogue avec l’opposition est-il toujours possible, le président réponds par la négative en disant que cela n’est ni envisagé ni envisageable, pourtant le même Ould Abdel Aziz déclarait il y a quelques mois en citant le coran que le dialogue est une vertu de laquelle on ne doit jamais se départir et que pour sa part, dans toutes les conditions et circontances, il est toujours prêt au dialogue.(l’enregistrement est disponible )

 

2-     A propos de Bouamatou, le président affirme :   «  Dès qu’on a commencé à voir plus clair dans ses agissements notamment sur le plan fiscal, il a très vite quitté le pays. » En Fait Mohamed Ould Bouamatou a quitté le pays en Octobre 2010, il est revenu brièvement pour accompagner le président lors de sa visite au Mali le 21 Septembre de la  même année. Et ce n’est qu’en Février 2012 que l’Etat, en moins d’une semaine, lui a infligé trois redressements fiscaux manifestement abusifs, lui a retiré des fonds importants de sa banque et jeté injustement son collaborateur en prison.   Il ne s’agissait pas d’empêcher quelqu’un de faire quoi que ça soit mais tout simplement d’attaquer un empire financier pour le détruire afin d’en édifier un autre en son lieu et place.

3-      Le Président affirme que Sherpa s’est soudain spécialisé sur la Mauritanie sans laquelle elle n’existerait plus (sic). Absolument faux. Depuis la création de Sherpa,  la Mauritanie n’a fait l’objet que de deux rapports et deux communiqués parmi les centaines publiés chaque année par cette organisation. Pour ce qui est de son financement, son site dénombre au moins une vingtaine de partenaires techniques et financiers. Donc affirmer que cette organisation « est entièrement financée par Bouamatou »  est à la limite du ridicule. Tout comme est ridicule le fait de vouloir occulter le travail que fait Sherpa au Congo, au Gabon, en Guinée Équatorial, au Sénégal et même contre de  puissants groupes français comme Total et Vinci.

 

4-      Jeune Afrique et le président ont  omis de dire que le Sénateur Mohamed Ould Ghadda a été arrêté cinq fois, molesté et tabassé deux fois et a subit diverses vexations en dépit de son immunité parlementaire. Et que son « irresponsabilité » n’a débuté que lorsqu'il a commencé à poser des questions gênantes et à s’intéresser aux marchés de gré à gré passés par le régime; alors il  fut kidnappé un soir à minuit sans mandat et gardé au secret pendant six jours en plus d’une garde à vue d’une semaine. Déféré il fut placé sous mandat de dépôt,  il fut décidé de le présenter menotté devant les juges et il est aujourd’hui privé du droit de visite dont bénéficient même les prisonniers de droit commun.

 

5-      Jeune Afrique a oublié d’évoquer les atteintes aux droits de l’homme et à la liberté d’expression et de manifestation, ainsi que les dysfonctionnements de la Justice qui condamne à trois ans de réclusion le jeune auteur d’un simple jet de chaussure sur un Ministre, au bannissement dans le Guantanamo mauritanien de Bir Moghrein, des militants d’IRA et au placement sous contrôle judiciaire avec restriction de leurs  mouvements  de journalistes et de syndicalistes sous de fallacieux prétextes;  Mais aussi la répression sauvages des manifestations pacifiques. Pas de prisonniers politiques ? Qu’est ce qu’il est Ould Ghadda ? Et les prisonniers d’Ira y compris Biram, et les jeunes de Touche pas à ma Constitution, et Abdallahi Ould Bouna ? Dépénalisation du délit de presse ? au moins quatre journalistes on t connu la prison pour de supposés délits de publication.

6  - A propos de Ould Chaffi, Jeune Afrique et Ould Abdel Aziz essaient de faire passer des événements couverts par les medias du monde entier pour une révélation de relations avec les terroristes.

Aziz en ajoute une touche et affirme je  ne traite jamais avec les terroristes. Mais alors, comment a été obtenue la libération du gendarme mauritanien pris en otage par Aqmi? Comment a-t-on fait cesser la mutinerie des détenus jihadistes de la prison centrale de  Nouakchott ? Comment le trafiquant international Walter Amegan a –t-il été libéré après avoir été extradé par le Sénégal ?

 

7- Ould Abdel Aziz a affirmé qu'en 2005 (du temps de Taya) les hommes d'affaires ont aidé l'état à faire face aux attaques terroristes, ce qui n'aurait pas dû être, parce que l'état était faible. Mais il a omis d'ajouter qu'en fin 2010 soit deux années après son coup d'état et à sa demande express le Président de Mauritania Airways Mohamed Ould Debagh à mis à sa disposition et à sa demande pressante deux avions de sa compagnie, l'un pour transporter des troupes commandos d'Atar à Nema en pleine nuit pour prêter main forte aux troupes engagées dans la célèbre bataille de Hassi Sidi (que commandait Aziz en personne), et un autre avion à transporté le kérosène de Nouakchott à Tombouctou pour faire décoller nos avions en panne sèche loin de leurs bases.et sur le point d'être attaqués par l'ennemi invisible.

8- Pourquoi  Justine Spiegel ne s’est pas demandé et a demandé à son « interlocuteur » à qui ont été vendues les écoles et autres biens fonciers de l’Etat au centre ville de Nouakchott et à qui appartiennent les marchés qui y ont été construits ?

9- Pourquoi Jeune Afrique qui connaît bien Mohamed Ould Debagh (client assidu des CEO forums organisés par JA) continue d'écrire qu'il a été contrôlé par la douane au poste de Diama, alors que ce n'est un secret pour personne qu'il a été délesté de ses affaires par l'antenne locale de la police politique et qu'il a déposé plainte auprès du procureur général contre les agents de cette antenne a Diama mais également contre le Directeur général de la sûreté nationale le général Meguett, le Directeur de la police politique le commissaire Sidi Ould Baba el hassen et le directeur de la police économique...

10- L’ultimatum qu’Aziz dit avoir proféré aux hommes d’affaires, réunis à sa demande au QG de campagne à l’hôtel Atlantic,  la veille des élections est semble-t-il totalement faux. Selon plusieurs témoignages recueillis auprès de patrons présents, au contraire, le candidat était souriant, aimable et a demandé à tous de l’aider.

MSS