Référendum du 05 aout : un désaveu pour Aziz | Mauriweb

Référendum du 05 aout : un désaveu pour Aziz

lun, 07/08/2017 - 16:59

 Mais où sont passés tous ces milliers de Nouakchottois qui avaient « répondu à l’appel » du président le jeudi dernier ? Il s’avère que ce « rassemblement monstre » n’était en fait qu’un factice montage : fonctionnaires embrigadés de force, populations pauvres et misérables convoyées à partir des banlieues… Au finish, fiasco total. 

Après le cinglant revers infligé par les sénateurs il y a 3 mois, le Président Aziz a connu le samedi 05 aout une véritable déconvenue en raison du peu d’intérêt accordé par les populations pour le scrutin électoral.

Le constat est le même à travers le pays : les bureaux de vote ont été très peu fréquentés pour ne pas dire, désertés. Est-ce sous l’effet de l’opposition dite radicale qui avait appelé au boycott et à une journée ville morte, ou plutôt l’indifférence du mauritanien lambda pour un référendum qui semble être le cadet de ses soucis. 

S’il est un homme qui doit ruminer aujourd’hui sa colère après le vote pour le référendum du 05 aout dernier, il s’agit bien du Président Ould Abdel Aziz. En effet, le chef de l’Etat mauritanien avait fait de l’organisation de ce référendum une affaire personnelle. 

Il faut rappeler que lors du dialogue national inclusif (octobre 2016), les points retenus pour être soumis au référendum avaient été imposés par le camp du Président au détriment de la multitude de recommandations émises par les participants.

Depuis lors, le pouvoir avait fait de l’organisation de ce référendum son cheval de bataille. Ayant la majorité dans les deux chambres du parlement mauritanien, le Président pensait que l’approbation du texte serait une simple formalité.

Ce qui fut le cas pour la chambre des députés. Mais à la surprise générale, les sénateurs rejetaient le texte, mettant Ould Abdel Aziz et son camp dans une situation inédite : contestation au sein même de son parti et renvoi pur et simple du référendum. 

Il a fallu trouver un stratagème, en l’occurrence l’article 38 de la constitution pour passer en force. Ainsi contre l’avis de nombreux juristes et bien évidemment de l’opposition, le pouvoir décider de consulter le peuple le 05 aout après la première retenue, le 15 juillet.

Premier signal à l’endroit du Président, le très faible taux d’enregistrement au recensement à vocation électorale. Il a fallu repousser la date butoir d’enregistrement 2 fois et sommer tous les fonctionnaires de s’inscrire avec épouses, enfants, frères, parents, voisins…afin de grossir le pathétique chiffre de 10.000 inscrits au départ. 

Deuxième signal, la campagne qui a démarré le 22 juillet n’a pas rameuté les foules comme cas lors des autres consultations électorales. A Nouakchott à part quelques tentes dissimulées à Tevragh Zeina, la campagne était d’une morosité inquiétante. 

Les Nouakchottois ne semblaient pas prendre gout à la campagne et nombreux sont ceux qui ignoraient le pourquoi et le quand de ce référendum. C’est plutôt la répression exercée contre les leaders de l’opposition lors de différentes manifestations qui avaient plus d’échos.

Notons tout de même que le meeting de clôture du Président à Nouakchott a drainé beaucoup de monde amenant les éternels et invétérés laudateurs à dire que c’était une « journée historique » et que jamais une manifestation politique n’avait réuni de monde.

Mais alors où sont passés tous ces milliers de Nouakchottois qui avaient « répondu à l’appel » du président le jeudi dernier ? Il s’avère que ce « rassemblement monstre » n’était en fait qu’un factice montage : fonctionnaires embrigadés de force, populations pauvres et misérables convoyées à partir des banlieues… Au finish, fiasco total.

Ce samedi 05 aout, les bureaux de vote ont affiché vide pour la plupart dans la capitale mais également dans la quasi-totalité des villes de l’intérieur. Malgré le renfort de l’administration et des hommes d’affaires et la mise en branle de leurs moyens, le taux de participation est resté faible même dans les zones réputées proches du pouvoir.

Reste à avoir si les vrais chiffres de cette déconvenue seront publiés par la CENI ou bien si sont des chiffres « préfabriqués » comme beaucoup le redoutent qui seront présentés à l’opinion publique nationale et internationale.

Reste à savoir si cette débâcle en plus du désaveu du sénat, vont constituer une sérieuse alerte pour Président. Ould Abdel Aziz devrait comprendre que quelque chose ne tourne plus rond.

Ce peuple qu’il croyait encore à ses bottes est entrain de lui tourner le dos eu égard aux nombreuses difficultés qui l’assaille aujourd’hui. Ce référendum qui a couté la bagatelle de 6 milliards d’UM et dont le contenu est loin de convaincre, parait comme un affront pour de nombreux mauritaniens.

Par ailleurs, c’est pour le Président l’occasion de jauger ses hommes et de voir la réalité en face. Ceux qui lui assuraient un engouement populaire sans précédent doivent être dans leurs petits souliers ce matin. L’appétit et le sommeil de bien d’hommes politique vont être perturbés ces jours ci, chacun redoutant une sanction ou une mise à l’écart, connaissant le tempérament du chef.

Pour autant peut-on dire que le fisaco du 05 aout est une victoire du FNDU ? L’on pourrait répondre par l’affirmative et la négative. Il faut noter que le FNDU s’est mobilisé à l’occasion de la campagne et a essayé de faire front au pouvoir en organisant de nombreuses activités visant à faire échouer le référendum. 

Et les blessures des leaders après la forte répression policière, auront été peut être un facteur en faveur de cette opposition dite radicale. En dépit du black-out des médias, le FNDU a fait mouche à Nouakchott mais aussi à Nouadhibou.

Toutefois ce relatif succès est à tempérer. Nombreux sont les mauritaniens excédés par les difficultés de la vie qui ont jugé inutiles non seulement de s’inscrire sur les fichiers électoraux mais même pour ceux inscrits, de se déplacer le samedi. 

En fait, la majorité silencieuse a affiché son désintérêt pour ce référendum, envoyant par la même occasion un avertissement au Président. La question est de savoir si Ould Abdel Aziz saura l’interprété et prendre les mesures qu’il faut. Wait and see !

AOB 

L'Eveil-Hebdo