Politique- Les «surprises» que réserve le président Aziz | Mauriweb

Politique- Les «surprises» que réserve le président Aziz

jeu, 03/08/2017 - 01:33

Le président Mohamed Ould Abdelaziz a promis de faire des révélations «choc». Mais depuis l’ébruitement des vocaux du sénateur Mohamed Ould Ghadda, il ne pourrait plus s’agir que de préparer l’opinion qui le soutient à l’arrestation de ses adversaires téméraires. Objectif : faire diversion quant à la question de l’organisation d’un référendum qui déchire aujourd’hui le pays.

Le stratagème est vieux comme le monde. Faire diversion pour tenter de faire oublier l’essentiel. Or, l’essentiel est, sans aucun doute, pour le président Mohamed Abdelaziz, organiser son référendum combattu, pour une fois, sans se laisser faire, par l’opposition. Pour une surprise c’en n'est donc pas une. Le pouvoir est sur les nerfs et il pourrait dans ses velléités à museler ses opposants faire des erreurs irrémédiables. Combien de leaders? Qui sont-ils? Ce sont les seules questions dont on n’a pas encore la réponse. Probablement, le coup de grisou pour un régime de plus en plus personnalisé et sans partage.

A la Maduro du Vénézuela!

Une symbolique importante lors du meeting de Nouadhibou. Le président a déplacé toute sa famille y compris ses petits enfants pour faire montre que sa famille n’a jamais quitté le pays et qu’il n’avait pas, comme il le réitérait à chaque sortie, peur du lendemain. Mais quoique ses adversaires pensent de lui le président Mohamed Ould Abdelaziz garde une once de lucidité. Un détachement qui lui permet aujourd’hui, en dépit des phrases de dérision contre elle, de savoir que l’opposition n’est plus prête à accepter son diktat sans broncher. Une onde de choc qui l’a accompagné partout où il est allé. Il mesure donc pleinement aujourd’hui le défi qui se pose à lui. Mais il veut continuer à sauver les apparences en continuant son forcing des amendements constitutionnels. Son régime y tient. Que peut-il autrement, parce que comme il a pu le constater la lassitude du discours et le manque de véritables soutiens sont à l’origine d’une démobilisation dans son camp et une témérité chez ses adversaires. Sa tournée dans la capitale politique l’a complètement instruit des réalités de terrain. Mais il n’a qu’à s’en prendre à lui-même pour avoir écarté le parti (Upr) pour son ministre des finances et de l’économie. Un juvénile dans une arène politique qui a éclipsé tous les ténors. Que pouvait-il bien faire lui dont la carrière administrative n’a été boostée que par le président lui-même. Sans jamais faire de la politique. De là à jouer dans la cour des grands, il y a une confiance que seule Ould Abdelaziz a su franchir. Il récolte ce qu’il a semé. Une ville frondeuse et qui le lui a manifesté en personne. Pourtant, le président Mohamed Ould Abdelaziz pense encore avoir une carte en mains. Celle des enregistrements du sénateur Mohamed Ould Ghadda pour sévir contre ses opposants.

Une affaire qui remonte à mai mais dont qu’il a gardée bien au chaud, trois mois durant, pour en faire usage le jour «j» en violation manifeste des droits constitutionnels de la victime. Il faut donc, dans cette logique, de gestion de temps s’attendre à des arrestations tous azimuts dans le camp des dirigeants de l’opposition. Un couteau à double tranchant qui ne règle rien et qui, peut-être, ne fera qu’exacerber encore davantage la crise politique. Des arrestations doublé d’une consultation contestée tous les ingrédients d’une instabilité. Jeudi, le président, dans l’ultime adresse qu’il aura avec son camp, Mohamed Ould Abdelaziz jettera des noms en pâture à l’opinion. Mais comme l’affaire de Moustapha Ould Limam Chaafi, objet d’un mandat international pour une prétendue affaire de terrorisme, la mayonnaise ne prendra pas.

 

La dernière ligne droite!

Ould Abdelaziz n’est pas si tranquille comme il tente de le faire croire. Il a des soucis. Et cherche probablement à savoir comment les résoudre pour faire accepter le résultat du référendum. Une issue qu’il sait pourrait faire pourrir la vie du pays tout entier.  Mais il n’y a pas pire que d’être contesté dans son propre camp. «Dieu préserve moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge»!  L’affaire des sénateurs n’est donc pas pliée et Mohamed Ould Abdelaziz ne se préoccupe, en fait, que du soutien d’un aréopage de l’oligarchie au sein de l’Armée. Une institution malgré sa proximité avec président que personne ne veut voir s’immiscer encore dans le jeu politique, en tout cas pas pour participer à enfoncer la désunion consacrée des populations partagées entre un duopole devenu par la force des slogans irrédentiste.

L’organisation du référendum, quels que soient les résultats, ne sera pas donc certainement la dernière étape d’une évolution politique dans le pays. Le président Mohamed Ould Abdelaziz semble y jouer son va-tout. L’opposition aussi. Il n’y aura, sur ce plan aucune surprise. Mohamed Ould Abdelaziz pourra savourer sa victoire pour des résultats connus d’avance avec l’abus des administrations publiques et le manque d’adversaire qui fasse le poids. Un pas en avant, deux en arrière pour le pays et son expérience démocratique. Une dialectique existentielle de course au pouvoir qui risque de mener le pays –qu’à Dieu ne plaise- vers des horizons obscurs. A moins que les acteurs ne se ressaisissent et trouvent, plus intelligemment, une voie de sortie de crise pour éviter au pays de basculer vers l’inconnu. Mais ce n’est pas demain, la veille. Et ce n’est certainement pas avec la philosophie en vogue «ça passe ou ça casse», encore moins avec des arrestations arbitraires parmi les opposants que les choses vont s’arranger pour un président en fin de mandat.

JD