METAR: Communiqué de presse | Mauriweb

METAR: Communiqué de presse

lun, 01/05/2017 - 15:48

Nous avons, dans l’Association Mauritanienne pour les Droits du Patient « METAR », appris depuis quelques semaines, par le canal des medias, une information relative à la saisie de plus de 120 variétés de médicaments contrefaits, non enregistrés et illégalement importés, au niveau de certaines officines de la capitale Nouakchott.

Selon les déclarations enregistrées (vidéo) du Docteur-Pharmacien Abdellahi O. Abdel Malick, la découverte de ces produits nocifs, dont des antibiotiques, est le résultat d’une campagne d’inspection menée, ces derniers temps, par le Syndicat des Pharmaciens Mauritaniens (SPM).

Dans son communiqué du 19 mars 2017, le ministère de la Santé a démenti, formellement, l’information relative à l’existence sur le marché national de médicaments contrefaits, ajoutant que la vidéo de référence est d’une personne qui s’est érigée en Vice-président du SPM sans donner les preuves de ses allégations ! Il y a réaffirmé la conformité et la qualité des médicaments autorisés et commercialisés dans le pays, tout en rappelant que toutes les pharmacies se conforment aux normes techniques exigées pour le stockage des médicaments.

Le 22 mars 2017, au cours d’une conférence de presse, le Président de la République a précisé qu’il n’y a pas d’antibiotiques parmi les médicaments en question. Il est clair par cette déclaration que le Chef de l’Etat ne dément pas l’existence de médicaments douteux en tant que tels, contrairement au communiqué du ministère de la Santé, il exclut seulement l’existence d’antibiotiques.

Vu que la garantie des médicaments de qualité constitue l’un des droits essentiels du Patient que défend notre association, nous avons pris suffisamment de temps pour apprécier objectivement la situation.

C’est pourquoi avons-nous déposé, avec décharge à l’appui, dès le lendemain, le 23 mars 2017, une demande d’audience auprès du Ministre de la Santé.

Nous avons, par ailleurs, rendu visite au Vice-président du SPM dans son bureau au Laboratoire National de Contrôle de Qualité de Médicaments, qui nous a présenté un nombre de médicaments de mauvaise qualité y compris des antibiotiques tels que : AUGMENTIN, ZAMOX, OROKEN …etc.

Près de deux semaines après, nous avons été contactés au téléphone par un haut responsable du ministère de la Santé, qui nous propose de tenir une réunion avec lui avant l’audience du Ministre. Malgré nos réserves, nous avons accepté sa proposition à condition qu’elle nous parvienne par l’adresse électronique indiquée sur notre correspondance. Proposition acceptée par notre interlocuteur, sans suite à ce jour. Ceci a nourri en nous le doute que notre requête n’est, peut être, pas parvenue à Monsieur le Ministre ?

Face, donc, à ces informations contradictoires du ministère de la Santé, et tenant compte de gestion inappropriée de certains de ses responsables ;

Vu le risque certain de tout médicament périmé ou falsifié ;

Compte-tenu du fait que nous avons visité et vérifié le bien fondé de l’existence d’antibiotiques et autres médicaments en possession du SPM, et qui donnaient l’impression de mauvaise qualité ;

 Nous déclarons ce qui suit :

Nous attirons l’attention de tous nos citoyens à la plus grande vigilance et au maximum de retenue avant toute utilisation de médicaments douteux : antibiotiques ou autres ;

Sollicitons auprès du Président de la République, Son Excellence Monsieur Mohamed Ould ABDEL AZIZ, pour rendre la sérénité aux citoyens quant à la qualité des médicaments disponibles sur le marché, d’ouvrir immédiatement une enquête sur cette affaire dont dépendent la vie et la santé de la population ;

Invitons tous les acteurs de la Société Civile (SC) et particulièrement, les défenseurs des droits de l’Homme à assumer entièrement leurs responsabilités en jouant le rôle qui est le leur, vis-à-vis de cette affaire qui touche au droit du citoyen aux soins de qualité ;

Rendons hommage au SPM et saluons ses efforts relatifs à la mise de lumière sur ces produits douteux ;

Affirmons la disponibilité de METAR pour participer à l’élaboration et à l’exécution d’une stratégie efficace pour un contrôle efficient et durable des médicaments, et ce dans le cadre du rôle que doit jouer la SC qui se complète avec celui du gouvernement et n’est nullement en contradiction avec ce dernier.

Nul doute que le secteur de la Santé a bénéficié, ces dernières années, d’un intérêt sans précédent de la part du Gouvernement Mauritanien. A ce titre, des décisions sérieuses ont été prises : on peut citer l’attribution du monopole des antibiotiques et de certains autres médicaments à la CAMEC (Centrale d’Achat de Médicaments, Equipements et Consommables médicaux). Décisions salutaires déjà saluées par notre association, et auxquelles nous renouvelons notre soutien en tant qu’acteur de la SC.

Néanmoins ces décisions, fussent-elles importantes, ne ferment pas la porte à l’importation illicite de médicaments périmés ou falsifiés, comme l’a laissé entendre le communiqué du ministère de la Santé. Quel est le pays au monde où de telles mesures ont été assez suffisantes pour enrayer le phénomène décrié ?!

D’autre part, il est à remarquer que l’amertume que l’on ressent dans le communiqué du ministère de la Santé, vis-à-vis du SPM, va à l’encontre des orientations du Gouvernement Mauritanien pour une participation efficiente et effective des organisations de la SC dans leur rôle de contrôle citoyen de l’action publique. Le ministère de la Santé a eu à le réaffirmer d’ailleurs à certaines ONG dont METAR lors d’un sondage préparé par le Partenariat International pour la Santé (IHP+) afin d’évaluer l’implication de la SC dans le processus de la politique de Santé en Mauritanie.

Fait à Nouakchott, le 1er mai 2017

Pour l’association

Le Président

Dr Moulay Al Hassan O. Mohamed Lezgham