FNDU : D’une force de contestation à une force de proposition ? | Mauriweb

FNDU : D’une force de contestation à une force de proposition ?

sam, 21/01/2017 - 15:53

Le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) a organisé, le week-end dernier, un colloque à l’ancienne Maison des jeunes et un rassemblement, à l’auberge Galaxie de Sebkha. Ses responsables ont eu à traiter divers thèmes de l’heure. 

A commencer par la situation politique. Pour le forum, celle-ci est défectueuse et défaillante, parce que la communication, entre le pouvoir et l’opposition, est rompue depuis bien longtemps.

Il n’existe aucune possibilité d’alternance politique par les urnes, les conditions d’élections transparentes et crédibles ne sont pas réunies et les amendements constitutionnels, décidés lors du dernier dialogue boycotté par le FNDU, ne sont pas consensuels. Le Forum a ensuite passé en revue le thème de la gabegie, pour décliner ses manifestations et ses dangers pour le pays. La Mauritanie vit, a-t-on entendu marteler, une gabegie à ciel ouvert.

Jamais, de mémoire d’homme, le pays n’aura connu une dilapidation pareille de ses ressources. Et de tournée en ridicule le slogan « président des pauvres » qui ne s’est traduit qu’en appauvrissement des populations mauritaniennes dont le pouvoir d’achat ne cesse de dégringoler, sous l’augmentation continue des prix des produits de première nécessité…

Autres thèmes, l’unité nationale et la cohésion sociale, conditions fondamentales du vivre ensemble. Depuis quelques années, ce tandem est mis au grand jour et tous les partis en ont fait une priorité. Pour le forum, les colloques, tables rondes et meetings consacrés, par le pouvoir, à cette nécessité ne sont que poudre aux yeux. 

Celui-ci ne manifeste aucune volonté politique en faveur du vivre ensemble. Les différentes mesures prises, çà et là, ne sont que des artifices pour noyer le poisson, croient fort les responsables du plus grand ressemblement de l’opposition.

Le Forum a également abordé le sujet de la diplomatie qui lui paraît avoir échoué sur toute la ligne. Pour illustrer son argumentaire, le FNDU évoque les frictions entre notre pays et ses voisins immédiats.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2008, la Mauritanie n’entretient, avec eux, que des relations tendues, alors que sa position géographique et sa nature même devraient l’inciter à jouer un rôle, paisible, de trait d’union entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. C’est sa vocation depuis toujours et, singulièrement, depuis l’indépendance, en 1960. 

En organisant ce colloque, le Forum semble aborder un virage, croit savoir l’un de ses responsables. Jusqu’ici, le FNDU laissait, en effet, l’impression d’être, tout simplement, une force de contestation du pouvoir en place : il ne ratait aucune occasion de critiquer celui-ci, oubliant ou feignant d’oublier que sa propre vocation est de gouverner. 

Or gouverner c’est prévoir ; convaincre, donc, les citoyens, par une offre politique alléchante. Le colloque de la fin de la semaine dernière a avancé en ce sens. En traitant de thèmes si importants, le FNDU a effleuré sa vision pour la Mauritanie, posé les jalons d’une bonne gouvernance. 

On l’attend désormais pour l’approfondissement de ces questions. L’horizon 2019 apparaît et l’opposition rassemblée au sein du Forum semble décider à s’y préparer. Avec, en ligne de mire plus immédiate, les élections municipales et législatives ? 

Rappelons qu’il y a deux semaines, Moustapha Ould Abeiderrahmane, président du Renouveau Démocratique (RD), a publié une tribune invitant le FNDU à abandonner le jeu politicien, stérile, qui consiste à critiquer le pouvoir en place, voire en contester la légitimité, pour s’armer de pragmatisme et de courage, aider le pouvoir à enraciner la démocratie, à stabiliser le pays. Elle doit s’atteler à l’élaboration d’une coalition électorale forte, condition sine qua none du changement, d’un programme commun de gouvernement ; envisager, pourquoi pas, des primaires en son sein, pour désigner un candidat consensuel unique. 

A l’endroit du pouvoir, Ould Abeiderrahmane demandait l’organisation d’un véritable dialogue, avec l’opposition, qui devrait prendre en compte les revendications raisonnables de celle-ci. Pragmatisme raisonnable : tout est là. La sagesse finira-t-elle par l’emporter, chez les uns et les autres ?

DL (Le Calame)