Condamnation du lanceur de chaussure : Deux poids deux mesures ? | Mauriweb

Condamnation du lanceur de chaussure : Deux poids deux mesures ?

mar, 19/07/2016 - 08:38

La Cour correctionnelle du tribunal de  Nouakchott a condamné l’activiste du Mouvement du 25 février, Cheikh Baye Ould Mohamed à trois ans de prison ferme pour avoir essayé de lancer sa chaussure sur le ministre porte-parole du gouvernement au cours du traditionnel point de presse hebdomadaire. 

On peut se désolidariser de l’acte lui-même surtout s’il est commis sous couvert du métier de journaliste cependant, la sentence est excessivement sévère. Le juge en l’absence de circonstances aggravantes a appliqué la peine maximale.

Pourtant dans des cas similaires la justice s’est toujours montrée magnanimes. On se rappelle du premier incident de ce genre relaté par feu Moktar Ould Daddah dans son livre    Contre vents et marées » : « Bien sûr, il y eut le fameux œuf lancé par un jeune lycéen contestataire sur le Président Pompidou qui était debout, à coté de moi, en voiture découverte. Ni notre visiteur, ni moi, ni les aides de camp assis à coté du chauffeur n’avions senti le passage du « projectile » venu s’écraser sur la veste du président, à hauteur de l’épaule : nous n’allions trouver les traces de l’œuf qu’une fois arrivés à la résidence de nos invités. Ce fut avec amusement que Monsieur et Madame Pompidou découvrirent « le point d’impact » sur la veste présidentielle. Même la presse la plus friande de sensationnel n’a donné à l’incident que sa signification véritable, à savoir le geste d’un groupe de jeunes contestataires qui voulaient se faire remarquer…. » plus prés de nous il y eut le fonctionnaire de l’ambassade à Tunis qui tabassa et fractura le bras du ministre des affaires étrangères Hammadi Ould Hammadi, comme les enseignants prirent à partie le ministre de l’Education nationale Ahmed Ould Bahia tout comme il y eut le Conseiller à la présidence qui prit à partie le directeur du cabinet président de l’époque isselkou Ould Ahmed Izidbih.  Plus étonnant encore c’est le même juge qui a prononcé la sentence de un an avec sursis dans le cas du jeune parent du président qui  avait tiré avec une arme à feu contre un épicier au Ksar qui cette fois ci condamna le jeune activiste à une peine de trois ans fermes alors que sa chaussure n’avait touché que le mûr. Il est vrai que le pouvoir est passablement excédé par l’activisme de tous ces groupes de jeunes : 25 février, mani chari gasoil, Watanoun yenzif etc et cette condamnation a surtout pour objectif de faire peur à tous ces jeunes. Pourtant deux d’entre eux ont réussit à perturber une émission en direct de la télévision nationale pour protester contre l’emprisonnement de leur camarade.

 Assurément notre justice n’a pas encore fait sa mue. Elle est toujours à l’écoute du pouvoir politique dont elle applique sans états d’âme les desideratas.

Les prisons d’Aleg, de Dar Naim abritent, des centaines de prisonniers parfois en préventive depuis des années et parfois qui purgent des peines de plusieurs années pour des menus larcins comme le vol d’une bonbonne de gaz, le vol d’un âne, ou le vol d’un portables.