Le plateau médical et le président | Mauriweb

Le plateau médical et le président

jeu, 21/04/2016 - 11:53

La pire des faiblesses pour le " plateau médical national" vient de se produire sous nos yeux. Le Président de la République se trouverait depuis la semaine dernière en Europe, pour une visite médicale ! Certes, en sa qualité de premier citoyen du pays, il doit bénéficier des égards dus à son rang, mais doit-il pouvoir pousser ce traitement jusqu’à user des deniers publics, pour une visite médicale, qu’il pouvait engager dans le pays ? Accepter un tel état de fait dans un pays qui patauge dans les difficultés financière relèverait de la traitrise nationale :

Il est vrai qu’en Mauritanien comme en Afrique, il est coutume d’envoyer les chefs d’Etat des pays pour des soins en France quand l’urgent se fait sentir. Mais quand il s’agit de " visite médicale", la tradition veut que la mission des soins soit confiée à l’expertise locale, occasion pour elle de démontrer ce dont elle est capable. 
On se rappelle que le Président lui-même et l’ensemble de son gouvernement, épaulés par les "applaudisseurs" ne ratent jamais la moindre occasion pour nous dire, après la litanie des routes, que "des améliorations considérables et visibles" ont été apportées au "plateau médical national", "contribuant vivement à faire accéder les populations aux soins et aux services de santé". Déjà, lors de la « balle amie », nous avions tous, constaté, avec l’évacuation e, France du président de la République, qu’il ne s’agissait que de littérature ! Il faut bien le dire : le secteur de la santé dans le pays est loin de répondre aux attentes des citoyens.

Aujourd’hui, au moment où le président de la République passe sa visite médicale en Allemagne ou en France, des centaines de Mauritaniens font le rang dans les rares "structures" médicales encore fonctionnelles dans le pays à la recherche d’un simple traitement pour une fièvre anodine ou une angine passagère. Et le plus souvent, ils ne trouvent rien. Ni médecin, ni infirmiers et encore moins médicaments. Le cadre général de la santé laisse lui aussi à désirer : rares sont les centres de santé publics qui n’ont pas été dépourvus de leurs équipements finalement destinés à des cabinets privés. On se rappelle encore du dernier cas des équipements sanitaires accordés par une structure privée étrangère au profit d’un centre de santé à Nouadhibou qui ont été vendus au marché de la ville. A l’époque, il a fallu la perspicacité des organisations locales de la société civile et la presse pour que des enquêtes soient menées et les responsables de ce crime arrêtés. Et la suite ? Rien. Un arrangement tribal était intervenu qui a réglé l’affaire !

Autre cas, celui d’Aleg où des acteurs de la société civile s’étaient plaints à cette même époque de la vente des matériaux de l’hôpital régional d’Aleg par un ancien gérant qui s’était tout simplement fait muté ailleurs après avoir empoché le prix du matériel chèrement acquis de l’argent du contribuable. Mieux, fort de sa position politique et de la puissance du lobbying tribal des siens, il avait suscité une "fronde" de médecins, complices de sa forfaiture. Ceux-ci, au lieu de jouer sur les piètres conditions de travail, le manque de matériel, l’absence de moyens, s’étaient attachés à rester, vaille que vaille dans leurs positions et à Aleg. Pour ce faire, ils avaient mis en avant toutes sortes de considérations, aussi débiles que sectaires et racistes, s’en prenant même au ministre et à leurs autres collègues affectés pour occuper des postes dans la région.

La Mauritanie est malade. Malade, parce qu’elle n’est pas capable de passer la visite médicale de son, président. Elle est malade de ses structures de santé, de ses médecins et de tout. C’est à se demander si nous ne sommes pas un peuple qui ne s’épanouit que dans l’éclosion de la plus mauvaise facette de l’homme sur terre.
Mentir, mentir et toujours mentir, la vérité finira toujours par se savoir. Cela s’est su dans le secteur de la santé où l’on n’a jamais cessé de mentir sur le " plateau médical national " avant… d’envoyer le Président dans un hôpital européen.
Cela mérite bien une méditation !

Amar Ould Béjà (L'Authentique)