Messaoud ould Boulkheïr – délégation du FNDU : Agendas divergents? | Mauriweb

Messaoud ould Boulkheïr – délégation du FNDU : Agendas divergents?

jeu, 21/04/2016 - 11:45

Le président de l’Alliance Populaire Progressiste (APP), Messaoud ould Boulkheïr, a rencontré, jeudi dernier, une délégation du Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), conduite par son président en exercice, Saleh ould Hanena. A en croire diverses sources  proches  du Forum, les deux parties ne sont pas parvenues à s’entendre. Pour Ould Hanena, joint, par le Calame, au lendemain de la rencontre, le président Messaoud n’a pas accepté de s’associer au combat contre les « velléités » du pouvoir de modifier la Constitution. Quant au président Messaoud, il ne confirme ni infirme  les  informations évoquant  l’échec de la rencontre.

Le président de l’APP, sollicité, par le président de la République, pour jouer au « facilitateur »,  auprès du FNDU, cherchait-il à convaincre cette coalition de dialoguer  avec le gouvernement, tandis que les amis de Saleh ould Hanena s’employaient  plutôt, eux,  à embarquer leur hôte dans le front du refus à toute éventualité de troisième mandat pour Ould Abdel Aziz, en 2019 ou, peut-être même, avant ?

Toujours est-il que l’ancien président de l’Assemblée nationale est resté remarquablement discret, sur cette question, particulièrement  depuis que le pouvoir a décidé d’organiser, unilatéralement en 2015, les journées préliminaires de préparation à un dialogue inclusif. A l’époque, la CUPAD, dont l’APP est membre, avait exigé, du pouvoir, le report de l’événement, afin de donner, à tous les pôles politiques, l’occasion   d’y prendre part. Et voilà l’actuel président du Conseil Economique et Social (CES), à nouveau dans ses habits de « facilitateur » ! Pour convaincre le forum, le président Messaoud aurait mis, sur la table,  les difficultés que connaît le pays, les menaces terroristes, les engagements du Président à respecter la Constitution et son serment prêté, sur le Coran ; devant, donc, Dieu et la Nation.

En somme, la réunion de jeudi nous aura surtout appris que le fossé reste toujours très grand, entre Ould Boulkheïr, qui semble parti pour participer au nouveau dialogue avec le pouvoir, et le FNDU, plus que jamais méfiant. Un raidissement, il faut le reconnaître, largement provoqué par les sorties de membres du gouvernement plaidant en faveur d’un troisième mandat pour l’homme du 6 Août 2008. « Un pas en avant, deux pas en arrière », commentait, désabusé, un responsable du FNDU, sur ces étonnantes déclarations. Plus question, en tout cas, de reprendre une quelconque discussion au sujet du dialogue, tant que le Président n’aura pas, définitivement, personnellement et publiquement, levé toute équivoque sur ses intentions.

 

Retour à la case départ

Le refus du FNDU  et, très probablement du RFD, de s’engager dans le dialogue politique renvoie  à  2011.  Un dialogue a minima, amputé de la majeure partie de l’opposition. Et, comme on a pu le constater, le pouvoir n’a eu de cesse, depuis, moins d’étoffer ledit dialogue que d’arracher tel ou tel pan de l’opposition dite radicale, particulièrement  incarnée par le RFD. Assez en vain jusqu’ici : le FNDU  a réussi  à préserver son unanimité, même si  le RFD a quitté ou gelé sa participation aux activités de celui-ci.

Dès lors, quels bénéfices pourrait tirer le pouvoir d’un dialogue 2011-bis ? Arguer de « l’intransigeance » de cette opposition, pour la discréditer auprès de l’opinion nationale et internationale ? Organiser des élections municipales anticipées, fin 2016,  et, pourquoi pas,  une présidentielle, l’année suivante ? Après avoir ourdi un passage en force pour un troisième mandat azizien ? Mais le président  Messaoud ould Boulkheïr accepterait-il  de cautionner ce que d’aucuns n’hésiteront pas à qualifier de « forfaiture » ? En tous ces cas, la réaction de l’opposition boycottiste sera-t-elle à la hauteur des attentes  de ses militants et sympathisants,  pour éviter  des dissidences analogues à celles qu’a enregistrées le RFD ? On reste dans les conjectures. Ce qui est sûr, c’est que le pouvoir cherche, par tous les moyens, à aller au dialogue avec quelques partis politiques et autres organisations de la Société civile…

 

Et le reste de la CUPAD ?

Interrogé par le Calame, sur la rencontre de Tivirit, entre le président Messaoud et la délégation du FNDU, le président d’El Wiam, Boydiel Ould Houmeïd, a laissé entendre qu’il n’y a pas été associé et qu’il n’en voulait d’ailleurs pas. Ce qui laisse supposer des divergences, au sein de la CUPAD qui serait, à en croire le pachyderme, « malade ». Et, tout en souhaitant que le mal ne soit pas incurable, Boydiel  Ould Houmeïd déclare qu’« elle a besoin d’être réorganisée ». Ce à quoi répond, sibyllin, un cadre d’APP : « le président Messaoud n’est en rien responsable de ce que vit la CUPAD »... Manifestement, les fleurets sont de sortie ; encore mouchetés, certes, mais bel et bien sur le pré.

DL (Le Calame)