Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste : Rien ne va plus au sein de IRA ! | Mauriweb

Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste : Rien ne va plus au sein de IRA !

mar, 01/03/2016 - 08:48

Une dissidence du mouvement IRA, conduite par Dr.Saad Ould Louleid, ancien porte-parole du mouvement, a organisé dimanche 21 février 2016 à l’hôtel Chinguitty Palace de Nouakchott une conférence de presse au cours de laquelle elle a annoncé son intention de remettre « IRA sur la bonne voie, loin de tout culte personnel ». Les observateurs ont constaté qu’aucun membre du directoire actuel du mouvement n’était présent, et que seuls d’anciens militants qui avaient fait déjà dissidence il y a plusieurs années, avaient meublé la salle.

Deux jours après son exclusion des instances du mouvement IRA, intervenue au cours d’une conférence organisée jeudi 18 février 2016, Dr.Saad Ould Louleid a répliqué, en convoquant une conférence de presse à l’hôtel Chinguitty Palace de Nouakchott. L’objectif selon lui est de mettre sur les rails « un mouvement confisqué par une poignée d’individus qui l’ont utilisée pour bâtir leur renommée ». La séance a été présidée par Ahmed Ould Heimir, un ancien dissident de l’organisation en présence de plusieurs anciens militants qui avaient quitté IRA au cours des dernières années. Un communiqué de presse a été lu pour l’occasion par le jeune Hamza Jaafar.

Dans le document, la nouvelle dissidence, qui ne serait selon certains observateurs que le regroupement d’anciens militants d’IRA, s’est attaquée à ce qu’elle considère être un culte de la personnalité tissée autour de Birame Dah Abeid, président du mouvement. Des accusations ont été portées contre les leaders du mouvement, taxés d’avoir fait la part belle à la frange négro-mauritanienne au sein des instances dirigeantes, de leur avoir facilité l’obtention des visas, d’avoir bâti leur réputation et accumulé les prix internationaux sur le dos des Harratines. Ce serait contre cette exploitation de la condition des esclaves et des anciens esclaves pour des intérêts mercantiles, que les dissidents se sont dits opposés, invitant la tenue d’une Assemblée générale pour l’élection d’une nouvelle direction.

Les observateurs ont cependant noté l’absence des membres du directoire d’IRA restés encore fidèles à Birame Dah Abeid et son adjoint Brahim Bilal Ramadan. Les leaders sont en prison depuis leur arrestation en novembre 2014 et leur double condamnation en 2015 par le tribunal de Rosso et la Cour d’Appel d’Aleg. Leur arrestation suite à une caravane contre l’esclavage agricole, a été décriée par l’ensemble de la classe politique et sociale mauritanienne ainsi que la communauté internationale.

Les militants d’IRA voient derrière la conférence de presse initiée par Dr.Saad Ould Louleid la main du pouvoir qui n’aurait cessé depuis la naissance du mouvement de susciter en son sein des dissensions dans le but de l’abattre. IRA a toujours été, selon eux, le cauchemar que le pouvoir en place n’est jamais parvenu à dompter, à cause de la détermination de ses leaders et leur nature incorruptible. 
Les fidèles de Birame Dah Abeid accusent Dr.Saad Ould Louleid d’avoir été embrigadé par le pouvoir, évoquant une rencontre qu’il aurait eu avec le président Mohamed Abdel Aziz aux USA et après son retour.

Pour Abidine Ould Merzough, représentant d’IRA en Europe, « IRA est un train où chaque passager est libre de s’arrêter à la station de son choix ». Même son de cloche du côté de Hamady Ould Lehbouss, chargé de communication du mouvement, qui considère que chacun est libre de quitter IRA quand il le veut, et que le combat ne sera jamais entravé quelles que soient les dissidences que le pouvoir cherchera à créer en son sein.

Cette conférence se tenait au moment où le Service européen des affaires étrangères déclarait avoir reçu une pétition pour la libération de Birame Dah Abeid et Brahim Bilal Ramadan. En effet, le Bureau de la Haute représentante de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères, Mme Frederica Mogherini a confirmé la réception de la pétition signée par 55 députés européens et 13.000 internautes. Selon elle, le cas de ces deux défenseurs de l’homme, a été couramment traité par les comités du parlement européen. L’Union européenne, ajoutera-t-elle en substance, a exposé déjà son mécontentement de la manière avec laquelle la Mauritanie traite le dossier et que le sujet de l’esclavage a été au centre du dernier examen périodique universel de la Mauritanie.

JOB (L'Authentique)