Drogue: Quand l’Omerta est une règle de conduite administrative | Mauriweb

Drogue: Quand l’Omerta est une règle de conduite administrative

jeu, 25/02/2016 - 09:57

Une fois de plus, nous voilà amenés à mettre dans les tiroirs de l’histoire une unième affaire de trafic de drogue dans le pays. Il faut le dire tout de go : les pouvoirs publics essaient de détourner notre attention loin de l’affaire de trafic de drogue découverte il y a quelques jours, simultanément à Bir Moghrein et aux frontières nord-ouest de la ville de Nouakchott. Il s’agit de la saisie record de plus de 2 tonnes de cocaïne ! 

Comment une aussi grande quantité de stupéfiants est entrée dans le pays ? Quels sont ces acteurs qui continuent d’activer leurs réseaux pour faire circuler la drogue sur le territoire national ? Pourquoi l’impunité est-elle érigée en règle en la matière ? Et pourquoi les pouvoirs publics s’emploient-ils à sans cesse classer les affaires portant sur la drogue dans le pays ? Voilà des questions qui veulent des réponses ! Immédiatement.

En fait, comme l’a soutenu jeudi dernier l’ancien chef d’État Mohamed Khouna Ould Haïdalla (dont le fils a été arrêté), les principaux auteurs de ce dernier forfait courent toujours. 

Et il pourrait bien avoir raison : tout le monde, ici et ailleurs, sait pertinemment que pareille opération qui a vu le transport d’une aussi importante quantité de cocaïne, ne peut être osée qu’avec une forte complicité dans un important haut lieu. 

Tout le monde sait aussi pertinemment que l’opération n’est pas la première du genre. Tout le monde sait aussi que la drogue et l’argent de la drogue ont fait la fortune de beaucoup de richards dans le pays.

Tout le monde sait que la drogue circule en Mauritanie, particulièrement àNouadhibou, depuis fort longtemps, qu’elle a fait la fortune de nombre de familles et de lobbies dans le pays. D’ailleurs, ce n’est pas seulement la drogue. Il y a aussi, entre autres les armes. 

Tout le monde sait aussi que, forcément, il y a quelque part, de grands bonnets, de gros chefs et de grands hommes supposés influents et forts qui pilotent, en toute impunité, toutes les opérations portant sur le trafic de drogue. Et pourtant, aucune tête n’est encore tombée.

Aucune tête ne tombera… La police multiplie les pistes. En vain ! Des échappatoires sont créées chaque jour qui aboutissent chaque fois au vide… pour que l’affaire de l’avion CESNA, des deux voitures de Nouakchott, du container et des 820.000 Euros saisis aussi à Nouakchott, d’Eric Walter de l’ancien chef d’Interpole et de la plus récente, fassent « pschuuuut… ».

Tout porte à croire, que quelque part, tout est fait pour que toute affaire portant sur la drogue, prenne fin au plus tôt … pour passer à la suivante ! Sinon, pourquoi l’autorité ne s’exprime pas clairement sur cette dernière affaire de drogue ? Pourquoi l’autorité judiciaire est jusque-là exclue des investigations ?

Le commerce de la mort qui fait aujourd’hui le bonheur de certains « richards », avec certainement la complicité de pans importants de l’État ne doit pas rester impuni comme le furent les responsables auteurs de gabegie et même de crimes contre la Nation, qui avaient en mains le CSA, les crédits des banques primaires, le crédit agricole, la pêche.

Les Mauritaniens osent espérer que cette affaire sera tirée au clair avec toute la sérénité, l’objectivité et la fermeté possibles. Le temps des concussions doit être fini. Sinon, c’est tout le monde qui marquera son terrain.

L’équation est simple : l’esprit tordu sur lequel nos concitoyens ont été dressés plus de 50 ans durant est un génie. Il peut engendrer à la fois des faux Dala Chiesa et de véritables Bucetta. L’un réprime, l’autre prospère sur les cendres du crime et de la forfaiture.

Non, nous n’accepterons pas que les maffia colombiennes, vénézuéliennes, africaines du nord et européennes transforment notre pays en un canton de transit ou de culture pour leurs produits nocifs. Non, nous ne voulons pas avoir des règlements de compte sanglants comme à Milan, Naples, ou Sacramento au début des années 80.

Non, nous n’avons pas envie de voir nos commissaires de police, nos juges, nos hommes politiques, nos marabouts et nos jeunes se transformer en une Cosa Nostra qui adore l’argent et méprise la vie, les valeurs et la morale. Non, nous ne voulons pas que notre gouvernement soit une institution en papier qui courbe l’échine devant des « puissants » créés de toute pièce par l’argent sale et le commerce de la mort.

Non enfin, nous n’accepterons pas que l’enquête sur la dernière affaire de cocaïne soit occultée par n’importe quel autre complot que les tenants de l’officine ne manqueront pas de monter pour qu’il serve de paravent afin que tout soit oublié.

En tout état de cause, disons seulement qu’en attendant le scandale qui suivra, pauvre Mauritanie des justes et des innocents !

Amar Ould Béjà (L'Authentique)