Liberté de presse en Mauritanie : Un acquis menacé | Mauriweb

Liberté de presse en Mauritanie : Un acquis menacé

ven, 22/01/2016 - 11:28

L’année 2016 démarre avec des restrictions sur tous les plans, restriction du droit à manger à sa faim, avec la hausse intempestive des prix, restriction sur le plan financier avec l’assèchement des liquidités bancaires, restriction en matière d’investissement, en matière de justice, et enfin, en matière de liberté de penser. 

Une chape de plomb qui s’est abattue sur le monde de la presse avec au moins quatre journalistes conduits en ce mois de janvier 2016 devant le parquet.

Certaines voix au sein de la presse mauritanienne voient dans cette avalanche de pressions exercées sur leur profession, un retour insidieux vers l’époque d’exception. L’Etat mauritanien chercherait ainsi, après avoir tenté d’étouffer financièrement le monde des médias, et après l’avoir infesté de laudateurs patentés du Palais, à le museler.

Ainsi, jeudi 14 janvier dernier, Mehdi Lemrabott, directeur de publication de « Mechahed » et Brahim Khattri, directeur de publication de « Chargh Yawm »deux sites électroniques, devaient être jugés devant la cour correctionnelle du tribunal de Nouakchott. 

Ils devaient répondre d’une plainte déposée contre eux par l’ancien ministre, Sidi Ould Maayouv, pour diffamation. Mais le retrait de la plainte à la dernière minute empêchera le jugement d’avoir lieu. Pourtant, ce dossier avait connu plusieurs soubresauts, avec l’intersection du Syndicat des journalistes de Mauritanie, qui avait conduit à un premier retrait de la plainte. Le 29 décembre 2015, les deux rédactions publient même des excuses communes. Mais l’affaire sera réchauffée en janvier 2016, sous la pression des proches de l’ancien ministre, dit-on.

Le même jour, vers l’après-midi, un autre journaliste, Bou Jarana, sera lui déposé à la prison civile de Nouakchott, avant d’être libéré quelques heures plus tard. Un directeur d’école avait porté plainte contre lui pour outrages. Le journaliste quant à lui déclare avoir voulu retirer ses enfants de l’école en question pour les inscrire ailleurs. Il se serait heurté au refus catégorique du directeur et s’en seraient suivis des échanges aigres.

Dans la même lancée, un autre journaliste, Abdel Mejid Ould Brahim, est traîné devant le procureur par le Wali du Brakna. Le Procureur aurait tenté de lui arracher des excuses solennelles à l’endroit de l’administrateur. Ce que le journaliste refusa, campant sur l’information qu’il avait publiée sur son compte et relative à des accaparements de terre dont il serait l’auteur. Samedi 16 janvier dernier, le directeur de publication du site « Entalfa » se faisait arrêter par la gendarmerie alors qu’il couvrait une manifestation de protestation contre les impacts négatifs de l’exploitation des carrières à l’Est de la Wilaya de l’Inchiri.

Toute cette succession de faits contre des écrits journalistiques a entraîné un véritable tollé d’indignation. La Mauritanie, jusque-là citée en leader dans le monde arabe en matière de liberté de presse, est accusée de jouer aux prédateurs, s’évertuant à revenir sur un acquis arraché de longue date.

MOMS (L'Authentique)